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Sommaire Nous utiliserons lâĂ©dition bilingue Folio théùtre n° 70 traduction dâYves Bonnefoy. Etudes synthĂ©tiques Textes expliquĂ©s Bibliographie Comparaison dâOthello avec ZaĂŻre, de Voltaire Ătudes synthĂ©tiques Le contexte historique Les forces du mal dans Othello Les comparses dans Othello Les personnages fĂ©minins dans Othello DesdĂ©mone Emilia et Bianca La figure du More dans Othello Racisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello La jalousie dans Othello Le contexte historique On relĂšve peu de noms propres, peu de dĂ©tails prĂ©cis permettant de situer prĂ©cisĂ©ment lâaction dâOthello ; cependant, nous savons que Shakespeare sâest beaucoup inspirĂ© de la bataille de LĂ©pante, celle-lĂ mĂȘme oĂč CervantĂšs perdit son bras gauche. La bataille de LĂ©pante ? La bataille de LĂ©pante, 1571 Cette cĂ©lĂšbre bataille eut lieu le 7 octobre 1571 ; elle opposait la flotte turque, composĂ©e de 210 galĂšres et de 63 navires plus petits, Ă une flotte chrĂ©tienne formĂ© de 202 galĂšres et 6 galĂ©asses, vĂ©nitiennes, espagnoles, gĂ©noises, pontificales et savoyardes. La France nây participait pas. Elle faisait suite Ă la prise de Chypre par les Turcs en 1570, qui avait fait plus de 20 000 morts Ă Nicosie. Le choc a lieu dans le golfe de Patras, devant LĂ©pante aujourdâhui Naupactos ; contre toute attente, la flotte turque est vaincue, et presque toutes leurs galĂšres sont prises ou coulĂ©es. Cette victoire eut un retentissement considĂ©rable en Europe ; beaucoup moins cependant du cĂŽtĂ© de lâEmpire Ottoman, qui reconstitua sa flotte en moins dâun an. Chypre fut finalement cĂ©dĂ©e par Venise aux Ottomans. Mais sâagit-il bien de LĂ©pante, dans Othello ? On remarquera quâil nâest jamais question dâune bataille navale ; mais dâune tempĂȘte qui a anĂ©anti la flotte turque. Une escadre ottomane avait pĂ©ri dans une tempĂȘte lors du siĂšge de Famagouste en 1570, mais cela nâavait pas empĂȘchĂ© la prise de la ville ! LâHistoire dans Othello Il nâest jamais question de LĂ©pante dans la piĂšce â pourtant, Ă peine plus de 30 ans sâĂ©taient Ă©coulĂ©s, et la mĂ©moire en restait vive. NĂ©anmoins, le contexte de la piĂšce Ă©voque, au moins en partie, ce conflit. Nous apprenons p. 75 quâIago sâest illustrĂ© Ă Rhodes et Ă Chypre ; Tout le premier acte bruisse dâinquiĂ©tude, Ă propos dâune flotte turque en route pour Rhodes, puis pour Chypre ; Shakespeare nous dĂ©crit de maniĂšre trĂšs vivante lâatmosphĂšre dans le palais des Doges, les rumeurs contradictoires, les entrĂ©es des messagers⊠Finalement, tous les protagonistes sont envoyĂ©s Ă Chypre. Cette atmosphĂšre guerriĂšre donne Ă©videmment un caractĂšre dramatique au contexte, et permet un tableau dâhistoire » trĂšs animĂ© ; et pourtant, le drame fait sâessouffle bien vite DĂšs la premiĂšre scĂšne de lâacte II, nous apprenons que les Turcs sont en difficultĂ© Une terrible tempĂȘte a si bien estourbi les Turcs que leurs projets en boitent. » p. 149 Puis Othello, sitĂŽt arrivĂ©, confirme Des nouvelles, mes bons amis ! Nos guerres sont terminĂ©es Les Turcs sont par le fond » Enfin, lâannonce officielle sera fait par un hĂ©raut, dans la scĂšne II. Le contexte guerrier nâaura donc eu pour seule consĂ©quence que dâenfermer les protagonistes loin de Venise, dans une citadelle, en une sorte de huis clos. Il donne Ă la piĂšce une connotation dramatique, et actuelle. Les forces du mal dans Othello Comme dans toutes les tragĂ©dies, les hĂ©ros, ici Othello et DesdĂ©mone, vont ĂȘtre aux prises avec des forces agissant contre eux, forces puissantes et capables de les perdre. Dans le schĂ©ma actanciel classique, on parlera dâopposants. Parmi ceux-ci un se dĂ©tache du lot, Ă tel point que lâon pourrait presque lui donner le rĂŽle titre ; il sâagit dâIago. Qui est Iago ? Son identitĂ© est prĂ©sentĂ©e, par lui-mĂȘme, dĂšs la premiĂšre scĂšne câest un jeune officier dâenviron 28 ans, qui sâest illustrĂ© sur plusieurs champs de bataille cf. p. 75, et estime donc que la charge de lieutenant lui revient de droit â ce qui ferait de lui le plus proche compagnon dâOthello ! Et cette reconnaissance lui importait tellement quâil a littĂ©ralement fait campagne » pour lâobtenir, au point dâenvoyer trois notables de la ville plaider sa cause auprĂšs dâOthello⊠Le refus de celui-ci, et le choix de faire de lui un simple porte-enseigne â au fond, un domestique â le met hors de lui, car il le renvoie au nĂ©ant, Ă sa propre nĂ©gativitĂ©. je suis celui qui toujours nie⊠» Iago ressemble par bien des traits Ă MĂ©phistophĂ©lĂšs, le Diable de Faust â or on sait que la piĂšce de Marlowe portant ce titre, et créée en 1592, Ă©tait en cours de publication en 1604, lâannĂ©e mĂȘme dâOthello... Iago se caractĂ©rise par une dĂ©testation universelle de tout, et de tous ; rien de positif ne trouve grĂące Ă ses yeux la vaillance militaire celle dâOthello nâest quâun ramassis de rĂ©cits mensongers, et nâexiste donc pas â il est le seul Ă penser cela ; mĂȘme les pires adversaires dâOthello le respectent, y compris Brabantio ; celle de Cassio est inexistante Ă ses yeux. Et de toutes maniĂšres, la vaillance ne sert Ă rien, nâest pas reconnue p. 77 Les femmes et lâamour Iago est un terrible misogyne, enfermĂ© dans une vision caricaturale des femmes ; elles ne seraient, Ă ses yeux, que des furies obsĂ©dĂ©es par le sexe. Sa propre femme, Emilia, il la hait et sâen mĂ©fie, cherchant Ă la rĂ©duire au silence ; DesdĂ©mone serrant courtoisement la main de Cassio ne peut ĂȘtre quâune dĂ©bauchĂ©e prĂȘte Ă tromper son mari⊠Voir p. ex. p. 161. Quant Ă lâamour, il nâexiste tout simplement pas. Ce nâest quâun prurit du sang avec la permission de la volontĂ© » p. 139. Seul compte le dĂ©sir sexuel â qui nâest Ă ses yeux que stupre et horreur ; et cette horreur se rĂ©pand partout il soupçonne Othello dâavoir sĂ©duit Emilia ! Iago est un ĂȘtre nĂ©vrosĂ© qui a manifestement un sĂ©rieux problĂšme avec sa propre sexualitĂ© ! Les valeurs morales ne sont que des illusions destinĂ©es Ă tromper les naĂŻfs et les imbĂ©ciles qui y croient Iago se revendique traĂźtre et voleur ! Iago est donc la nĂ©gativitĂ© mĂȘme, comme MĂ©phisto Je suis lâesprit qui toujours nie, Et ce, Ă bon droit car tout ce qui prend naissance mĂ©rite dâĂȘtre dĂ©truit ; Mieux vaudrait dĂšs lors que rien ne naquĂźt. Ainsi donc tout ce que vous nommez pĂ©chĂ©, destruction, bref, le mal, est mon Ă©lĂ©ment propre. » Cette nĂ©gativitĂ© universelle a Ă©videmment pour corollaire une vie elle aussi nĂ©gative et vide. Iago nâaime personne â et lorsquâil donne des conseils, câest toujours pour servir ses propres fins. Il ne sâaime pas lui-mĂȘme, et il finira dâailleurs isolĂ©, haĂŻ de tous, et vouĂ© aux pires supplices. Une nĂ©gativitĂ© agissante Iago ne se contente pas de ressasser ses haines et ses ressentiments ; il agit, en permanence, manipule les uns contre les autres, ne vit que dâintrigues et de coups tordus⊠et il parle ! Câest un personnage omni-prĂ©sent Acte I scĂšne 1, câest lui qui rĂ©veille Brabantio et lui apprend la fuite de sa fille, prĂ©tendument enlevĂ©e par Othello. scĂšne 2, nous le voyons tenter de monter Othello contre Roderigo dont il sâaffirmait lâami dans la scĂšne prĂ©cĂ©dente. scĂšne 3, il manipule Roderigo en promettant de lâaider Ă conquĂ©rir DesdĂ©mone⊠Acte II scĂšne 1, il arrive avec DesdĂ©mone, Cassio et Roderigo Ă Chypre ; il se lance dans une joute verbale avec DesdĂ©mone, dans laquelle il rĂ©vĂšle toute sa petitesse de caractĂšre ; la scĂšne sâachĂšve avec le texte 2, oĂč nous le voyons commencer Ă mettre en place sa stratĂ©gie. scĂšne 3, il pousse Cassio Ă boire, alors que celui-ci supporte mal lâalcool ; et bien sĂ»r celui-ci sombre bien vite dans lâivresse â et Iago en profite pour suggĂ©rer Ă Montano, le gouverneur de Chypre, quâil est un ivrogne invĂ©tĂ©rĂ©. Roderigo, conformĂ©ment au plan, provoque Cassio, qui ne tarde pas Ă blesser Montano qui sâinterposait. Cassio est alors relevĂ© de sa lieutenance par Othello. Et Iago lui suggĂšre de passer par DesdĂ©mone pour flĂ©chir son mari⊠à ce point, la plupart des fils de lâintrigue sont tendus. Et Ă chaque instant, on trouve Iago Ă la manĆuvre. Acte III scĂšne 3 Cassio a obtenu une entrevue avec DesdĂ©mone, et Iago, qui a menĂ© Othello Ă un endroit oĂč il pouvait les voir, suscite sans en avoir lâair les soupçons dâOthello. Et quand DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio, il instille habilement le poison du doute â si habilement quâil dit la pure vĂ©ritĂ© sans quâelle puisse ĂȘtre comprise, en deux beaux exemples dâironie tragique câest le flĂ©au de ma nature que dâĂ©pier les faux-pas des autres ; par suspicion jâimagine des fautes inexistantes » p. 253 ; Gardez-vous de la jalousie ! De ce monstre aux yeux verts qui nargue la proie mĂȘme quâil dĂ©vore⊠» p. 255 A la fin de la scĂšne, DesdĂ©mone a laissĂ© tomber le mouchoir offert par Othello ; Emilia lâa ramassĂ©, et donnĂ©, sans penser Ă mal, Ă Iago. Et lorsque Othello rĂ©apparaĂźt torturĂ© par la jalousie, il lâattise en suggĂ©rant une liaison entre DesdĂ©mone et Cassio. scĂšne 4 DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio devant Othello ; celui-ci lui rĂ©clame le mouchoir â quâelle ne peut Ă©videmment lui donner. Acte IV ScĂšne 1 Iago sâarrange pour faire parler de Bianca Ă Cassio, et pour faire croire Ă Othello, qui Ă©coute, quâil sâagit de DesdĂ©mone. Et Bianca entre Ă ce moment rendre le mouchoir Ă Cassio. Othello finit par se laisser convaincre du double meurtre de DesdĂ©mone et de Cassio il tuera DesdĂ©mone, et Iago se chargera de Cassio. ScĂšne 2 Othello Ă©tant sur le point dâĂȘtre rappelĂ© Ă Venise, et Cassio dâĂȘtre nommĂ© Ă sa place, Iago suggĂšre Ă Roderigo dâassassiner Cassio, afin dâen faire accuser le More. Acte V scĂšne 1 Iago a fait en sorte que Cassio et Roderigo sâentretuent ; mais Cassio blesse Roderigo, et Iago Cassio. Pour Ă©viter quâil ne parle, Iago exĂ©cute Roderigo, et accuse Bianca de la tentative de meurtre sur Cassio. scĂšne 2 Othello tue DesdĂ©mone ; mais tout se rĂ©vĂšle bientĂŽt et Iago est arrĂȘtĂ©. Il se mure alors dans le silence. Iago est donc prĂ©sent dans chaque acte, et Ă tous les moments cruciaux de lâintrigue. Il est Ă lâorigine de chaque scĂšne violente, de chaque meurtre. La crĂ©dulitĂ© incroyable des autres Iago est transparent pour le spectateur il Ă©nonce toujours clairement son Ă©tat dâesprit, ses haines, ses projets â et le fait, le plus souvent, en prĂ©sence mĂȘme de ses victimes et en sâadressant Ă elles. Et pourtant, tout le monde sâaccorde pour cĂ©lĂ©brer son honnĂȘtetĂ© », sa loyautĂ© ». Câest mĂȘme un leit-motiv de la piĂšce ! Iago est donc particuliĂšrement habile Ă repĂ©rer et exploiter les failles de tous ceux quâil rencontre le caractĂšre colĂ©rique et emportĂ© dâOthello, lâorgueil chatouilleux de Cassio Ă propos de ses qualitĂ©s militaires, et sa faiblesse face Ă la boisson, son mĂ©pris des femmes aussi voir son attitude Ă lâĂ©gard de Bianca, la bĂȘtise de Roderigo⊠Il ne doit son pouvoir quâĂ la faiblesse et Ă lâaveuglement dâautrui. Othello p. 135 Roderigo fait toute confiance Ă Iago⊠qui nâhĂ©sitera pas Ă le tuer ; Montano⊠Emilia donne sans mĂ©fiance le mouchoir Ă Iago ; DesdĂ©mone elle-mĂȘme le mĂ©prise, mais ne sâen mĂ©fie pas. Quand cesse cet aveuglement, il est rĂ©duit au silence et Ă lâimpuissance. Un homme qui hait lâamour, la vie, le plaisir, les femmes, qui est prĂȘt Ă tout pour assurer son pouvoir, un homme tout de noirceur qui passe pour honnĂȘte⊠Iago a tout dâun puritain, ces adversaires du théùtre ! Et la crĂ©dulitĂ© est celle du public⊠Othello serait-il lâĂ©quivalent anglais de Tartuffe, un brĂ»lot contre le parti, ici puritain, lĂ , dĂ©vot mais ce sont Ă peu prĂšs les mĂȘmes, et un avertissement devant leurs menĂ©es ? Les comparses dans Othello Othello est une piĂšce dans laquelle la scĂšne semble toujours pleine, oĂč les scĂšnes collectives, mettant en prĂ©sence de nombreux acteurs, abondent. Et de fait, les comparses, parfois simples figurants, parfois personnages secondaires rĂ©ellement impliquĂ©s dans lâaction, sont nombreux. Les figurants Souvent anonymes, dotĂ©s parfois dâun rĂŽle mineur, on les retrouve Ă divers moments clĂ©s des sĂ©nateurs, Ă lâacte I, commentent avec effroi les nouvelles qui leur parviennent de Chypre, et lors du procĂšs » entre Brabantio et Othello, ils jouent un peu le rĂŽle du chĆur dans une tragĂ©die antique. Un clown, personnage grotesque qui apparaĂźt en III, 4, mais nâa quâun rĂŽle mineur ; il sert dâintermĂ©diaire entre Cassio et DesdĂ©mone cf. III, 1 on trouve aussi un marin, un messager, un hĂ©raut, des officiers, des gentilshommes, des musiciens et autres ». Toutes ces prĂ©sences donnent Ă la piĂšce une allure vivante, prolifĂ©rante, comme la vie mĂȘme. Les comparses Brabantio Il est le pĂšre de DesdĂ©mone, et tout son rĂŽle consiste, en pĂšre autoritaire, Ă tenter dâempĂȘcher le mariage de sa fille et dâOthello ; mais trĂšs vite, il constate son impuissance DesdĂ©mone est bel et bien mariĂ©e, le Doge et son conseil acceptent la situation⊠il en est rĂ©duit aux rĂ©criminations, et disparaĂźt trĂšs vite. On apprendra par la suite V, 2 quâil en est mort, sans que son dĂ©cĂšs paraisse Ă©mouvoir quiconque. Gratiano et Lodivico Ce sont le frĂšre et un parent de Brabantio ; ils nâont guĂšre de rĂŽle actif. Le doge de Venise Lui aussi voit son rĂŽle confinĂ© Ă lâacte I câest lui qui reçoit la plainte de Brabantio, et qui envoie Othello Ă Chypre. Montano ReprĂ©sentant du doge Ă Chypre, il doit ĂȘtre remplacĂ© par Othello II, 1 mais nâen Ă©prouve aucune amertume. Il offre Ă boire sans penser Ă mal Ă Cassio II, 3, puis se laisse convaincre que celui-ci est un dangereux ivrogne. Il sera peu aprĂšs blessĂ© par Cassio â ce qui vaut Ă celui-ci un renvoi immĂ©diat. Bianca Câest une courtisane, sincĂšrement amoureuse de Cassio, dont elle est la maĂźtresse, mais mĂ©prisĂ©e par lui â les propos de Cassio sur Bianca seront pris par Othello pour des injures adressĂ©es Ă DesdĂ©mone ; accusĂ©e par Iago de la tentative de meurtre sur Cassio, elle Ă©chappera de peu Ă une injuste condamnation. Les personnages secondaires actifs Eux ont un vrai rĂŽle dans lâintrigue, mĂȘme sâils sont manipulĂ©s. Cassio Il est le plus important de tous Câest Ă cause de lui que Iago se dĂ©chaĂźne contre Othello il a Ă©tĂ© nommĂ© lieutenant Ă sa place ; Iago sâarrange pour le faire boire, et pour quâil soit destituĂ© ainsi il demandera lâintercession de DesdĂ©mone auprĂšs dâOthello ; Câest chez lui que Iago dĂ©posera le mouchoir de DesdĂ©mone ; Ses propos mĂ©prisants Ă lâĂ©gard de Bianca seront pris pour des injures Ă DesdĂ©mone ; Il sera blessĂ© par Iago â qui accusera Bianca de ce crime. Roderigo Ce gentilhomme vĂ©nitien apparaĂźt dâabord comme le complice de Iago comme lui il en veut Ă Othello mais pour une rivalitĂ© amoureuse, et il sera lâauxiliaire agissant de Iago I, 1 et II, 1. Il ira jusquâĂ tenter dâassassiner Cassio pour faire accuser Othello du meurtre, mais sera lui-mĂȘme assassinĂ© par Iago V, 1. Emilia LâĂ©pouse dâIago est aussi lâamie et la confidente de DesdĂ©mone. MĂ©prisĂ©e de son mari, elle ignore ses projets, et participe plus ou moins Ă ses prĂ©jugĂ©s elle traite Bianca de roulure » ; câest elle qui, sans le vouloir, cause la perte de sa maĂźtresse en donnant le mouchoir Ă Iago. Mais ce sera elle aussi qui rĂ©vĂšlera, trop tard, Ă Othello et Ă lâensemble des personnages les crimes de Iago â qui la tuera. On remarquera que de tous ces personnages, seuls Brabantio et Roderigo sont rĂ©ellement hostiles Ă Othello ; tous en revanche apprĂ©cient et respectent DesdĂ©mone. Mais tous seront manipulĂ©s par Iago, et amenĂ©s Ă dĂ©truire ce couple, plus ou moins volontairement. Les personnages fĂ©minins Othello est une piĂšce trĂšs masculine lâessentiel de lâaction se joue entre des soldats, dans une citadelle menacĂ©e, puis rassurĂ©e ; Ă Venise comme Ă Chypre, les dĂ©cisions, les conflits ont lieu entre hommes ; les femmes sont souvent des victimes collatĂ©rales. Aussi est-ce Othello qui donne son titre Ă la piĂšce, et non DesdĂ©mone celle-ci est un enjeu, un moyen dâatteindre le More ; Iago nâa rien contre elle, Roderigo nâen est que vaguement amoureux, Cassio ne voit en elle quâun intermĂ©diaire qui lui permettra de flĂ©chir Othello⊠Seul celui-ci, parce quâil lâaime, voit en elle un personnage essentiel. Quant aux autres femmes, elles ne sont que deux â mais lâon verra que leur action est dĂ©cisive. DesdĂ©mone De la jeune fille libre et audacieuse⊠Othello et DesdĂ©mone Ă Venise â TheÌodore ChasseÌriau DesdĂ©mone, Ă©voquĂ©e dĂšs les premiĂšres scĂšnes de lâacte I par les personnages, nâapparaĂźt elle-mĂȘme quâĂ la scĂšne 3 ; elle nous est prĂ©sentĂ©e comme une toute jeune fille, qui, certes, vaque aux occupations de la maison sans se rĂ©volter apparemment contre les valeurs incarnĂ©es par son pĂšre celui-ci la croit bien sage !, mais semble attendre autre chose de lâexistence. Entre un pĂšre inconsistant et une mĂšre, semble-t-il, absente, morte peut-ĂȘtre, elle sâennuie ; et ce sont les rĂ©cits dâOthello qui lâĂ©veillent Ă elle-mĂȘme, au point de regretter que le Ciel nâeĂ»t point fait / dâelle un homme de cette sorte ». p. 123. Et de fait, elle affirme haut et fort son choix et sa volontĂ©, devant le Doge, les SĂ©nateurs, et son pĂšre, sans paraĂźtre le moins du monde intimidĂ©e ! ImmĂ©diatement, elle prend une dĂ©cision courageuse, celle de suivre Othello Ă Chypre, bravant tous les dangers, Ă commencer par la menace dâune dĂ©faite et de ses consĂ©quences prĂ©visibles elle est alors parfaitement cohĂ©rente avec elle-mĂȘme une jeune fille de caractĂšre, tentĂ©e par un mode de vie aventureux et dangereux, et sâengageant sans rĂ©serve pour lâhomme quâelle aime. Et câest encore la mĂȘme jeune fille franche, directe, courageuse, qui affronte Iago dans la premiĂšre scĂšne de lâacte II, et le pousse dans ses retranchements, au point de mettre Ă jour sa nature mĂ©diocre et mĂ©prisable paradoxes rebattus », Ă©paisse bĂȘtise », trĂšs grossier personnage, extrĂȘmement impudique »⊠p. 165-167 DesdĂ©mone est la seule, semble-t-il, Ă juger Iago Ă sa juste valeur. ⊠à lâenfant injustement punie La premiĂšre rupture intervient aprĂšs la perte du mouchoir III, 4 ; Ă ce stade, DesdĂ©mone se montre encore ferme, refusant de cĂ©der Ă Othello. Mais Ă partir de lâacte IV, tout change scĂšne 1, Othello la gifle, lâinsulte, et elle ne rĂ©agit pas. scĂšne 2, Othello la traite de putain, et cette fois elle semble accepter des accusations auxquelles elle ne comprend rien Il est juste que je sois traitĂ©e ainsi, tout Ă fait juste, comment ai-je bien pu me comporter pour quâil ait pu placer un tel opprobre sur mĂȘme la plus grave de mes fautes ? » p. 377 Dâun caractĂšre qui semblait si bien trempĂ©, on attendrait de la rĂ©volte, de la colĂšre ; or elle se laisse briser sans vraiment se dĂ©fendre. scĂšne 3 Othello lui ordonne dâaller se coucher, en renvoyant Emilia ; on sent que DesdĂ©mone, qui Ă©voque Ă ce moment le souvenir dâune autre servante, Barbara, abandonnĂ©e et qui en est morte, chante sa chanson ; on devine quâelle pressent son sort imminent. Elle continue de rĂ©affirmer sa fidĂ©litĂ© Ă Othello â devant Emilia, comme elle lâa fait devant Iago, câest-Ă -dire en pure perte lâune ne pourrait, lâautre ne voudrait convaincre Othello. Enfin, lors de la derniĂšre scĂšne, elle tente une derniĂšre fois de dire la vĂ©ritĂ©, mais Othello est hors dâĂ©tat de lâentendre â et elle ne peut que le supplier en vain. Comment comprendre ce changement radical, cette apparente soumission, cette acceptation de lâinacceptable ? DesdĂ©mone est victime dâune terrible solitude dĂšs le premier acte, on devine que son existence auprĂšs de son pĂšre est un dĂ©sert. La rencontre avec Othello a Ă©tĂ© pour elle un don total Ă aucun moment elle ne renie cet amour, mĂȘme quand Othello lui fait subir des avanies aussi brutales quâinexplicables, et lâaccuse de fautes imaginaires. Or, si elle se refuse Ă considĂ©rer Othello comme faillible, elle nâa dâautre choix que dâaccepter son jugement. Cette acceptation nâest donc que le rĂ©sultat dâun amour absolu â qui ira jusquâĂ sâaccuser elle-mĂȘme de son propre meurtre. Et la souffrance, la solitude, lâabandon quâelle a dĂ» Ă©prouver lâont fait rĂ©gresser Ă ce tout petit enfant » quâelle redevient quand on la gronde lâĂȘtre Ă la fois le plus pur, mais aussi le plus vulnĂ©rable et sans dĂ©fense. Avec Othello, elle avait toutes les audaces ; sans lui, elle est brisĂ©e. Bianca Bianca a dĂ©jĂ Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. Bien quâelle soit une courtisane, Bianca est assez proche de DesdĂ©mone, en ce sens quâelle aussi est victime de lâamour, dâun amour asymĂ©trique elle aime profondĂ©ment Cassio, au point dâĂȘtre abattue, atterrĂ©e par sa mort supposĂ©e ; mais lui ne lâaime pas. Elle est intermĂ©diaire entre DesdĂ©mone et Emilia comme la premiĂšre, victime des machinations dâIago, elle subit son sort â et peut sâen faut, Ă lâacte V, quâelle soit accusĂ©e dâun meurtre quâelle nâa pas commis ; elle aussi sera victime des apparences de mĂȘme quâIago a exploitĂ© la courtoisie de DesdĂ©mone pour laisser croire Ă sa culpabilitĂ©, de mĂȘme, il exploitera son trouble devant Cassio blessĂ© pour lâaccuser. Comme DesdĂ©mone aussi, elle aime sans restriction, et son amour nâest pas payĂ© de retour. Cassio en effet se moque dâelle, et la mĂ©prise ouvertement. Mais comme la seconde, elle est un instrument du mal sans le vouloir Cassio lui confie le fameux mouchoir pour quâelle le fasse copier, et câest en le rapportant Ă celui-ci quâelle sera vue dâOthello. Cependant, prĂ©sente dans seulement 3 scĂšnes, elle reste un personnage trĂšs secondaire. Emilia Emilia a dĂ©jĂ Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. LâĂ©pouse â mĂ©prisĂ©e, parfois maltraitĂ©e dâIago â semble suivre le chemin inverse de celui de DesdĂ©mone. Dâabord peu prĂ©sente une scĂšne Ă lâacte II, elle est de plus en plus prĂ©sente. Contrairement Ă DesdĂ©mone et Ă Bianca, elle nâest en rien une victime. Son rĂŽle est dĂ©terminant câest elle qui, sans penser Ă mal, donne le mouchoir de DesdĂ©mone Ă Iago. Ă ce moment, elle obĂ©it encore aveuglĂ©ment Ă son mari ; elle ira dâailleurs jusquâĂ insulter Bianca p. 429. Mais Ă mesure que la piĂšce avance, elle prend de plus en plus de caractĂšre, notamment lors de la scĂšne oĂč elle dĂ©shabille DesdĂ©mone, tout en essayant de la distraire de ses funestes pensĂ©es en plaisantant elle se montre joyeusement cynique, affirmant quâelle-mĂȘme pourrait tromper son mari pour tout lâor du monde » ; elle pousse mĂȘme DesdĂ©mone Ă une saine rĂ©volte contre les caprices masculins p. 405. Et finalement, câest elle qui, la premiĂšre, comprend lâorigine du drame et dĂ©nonce les manoeuvres dâIago. Elle montre alors son courage et sa dĂ©termination, dâabord en affrontant un Othello encore armĂ© et fou de rage, puis un Iago dĂ©cidĂ© Ă la faire taire Ă tout prix ; elle y laissera sa vie. La dĂ©termination et le courage dâEmilia, qui ose affronter son mari et dĂ©noncer toute la machination semble compenser la faiblesse et la rĂ©signation de DesdĂ©mone elle meurt en hĂ©roĂŻne. Conclusion des relations hommes-femmes extrĂȘmement violentes. On peut avoir lâimpression, dans cette piĂšce comme dans bien dâautres de Shakespeare dâune vĂ©ritable guerre des sexes ». Ă lâĂ©gard des femmes, les hommes exigent une obĂ©issance et une fidĂ©litĂ© absolues, quâils sont loin de pratiquer eux-mĂȘmes ; ils ignorent dĂ©libĂ©rĂ©ment les dĂ©sirs, la personne mĂȘme de la femme quâils prĂ©tendent aimer, comme le rappelle Emilia p. 405 ⊠câest la faute des maris si leurs femmes les trompent. Pensez Ă ceux qui nĂ©gligent ce quâils nous doivent et versent notre bien dans le sein dâune autre, ou qui ont des accĂšs de jalousie mesquine et nous accablent de chaĂźnes ou mĂȘme qui nous frappent ou par dĂ©pit rĂ©duisent notre train !⊠Eh bien nous aussi avons nos humeurs, et, bien que gentilles, nous saurons prendre des revanches. Que les maris apprennent que leur femme a des sens tout aussi bien quâeux. » Et cette violence sâexprime avec une vigueur tout Ă fait impossible dans le théùtre classique, sans la moindre censure ainsi Othello peut-il insulter sa femme avec les mots les plus orduriers, la frapper devant son cousin, et finalement la tuer sous nos yeux ! Dans la piĂšce, ni Emilia, ni Bianca, ni DesdĂ©mone ne sont coupables de quoi que ce soit ; en revanche, les hommes se montrent menteurs, brutaux, insultants, et finalement meurtriers ils sont incapables dâaimer. La figure du More dans Othello Introduction Quâest-ce quâun More, ou Maure ? On donne dâabord ce nom principalement aux Sarrasins qui soumirent lâEspagne ; par la suite, on dĂ©signe ainsi les habitants dâAfrique du Nord, soumises aux Turcs. Et, par extension, le mot en vient Ă dĂ©signer Ă©galement des Noirs. Qui est Othello ? Il se dĂ©crit lui-mĂȘme comme Noir » il fait probablement partie de ces Africains vendus comme esclaves aux Mores, puis devenu citoyen vĂ©nitien Ă la suite dâon ne sait quelles pĂ©rĂ©grinations. Il est parfaitement intĂ©grĂ© Ă la sociĂ©tĂ© vĂ©nitienne nul ne met en doute ni sa langue â il est mĂȘme passĂ© maĂźtre en matiĂšre de rĂ©cits â ni sa valeur militaire, ni sa religion il en est dâailleurs fort peu question dans la piĂšce, ni sa citoyennetĂ©. Seule sa couleur de peau signale encore son caractĂšre Ă©tranger. Un personnage omniprĂ©sent et agissant ExceptĂ© deux courtes scĂšnes II, 2 et III, 1, Othello est constamment prĂ©sent, sinon en personne comme dans la plupart des scĂšnes, du moins dans lâesprit des personnages I, 1. GĂ©nĂ©ral, aventurier dĂ©jĂ dâĂąge mĂ»r, mais toujours en quĂȘte dâaction, il est au centre de toutes les intrigues Câest lui qui dĂ©clenche lâire dâIago, en nommant Cassio lieutenant, et la jalousie de Roderigo en Ă©pousant DesdĂ©mone ; Câest lui qui sĂ©duit DesdĂ©mone par ses rĂ©cits, et aussitĂŽt lâĂ©pouse ; Câest tout naturellement que lâon fait appel Ă lui quand le danger approche il est nommĂ© gouverneur de Chypre au moment oĂč les Ottomans menacent la citadelle, et il part aussitĂŽt avec une flotte ; SitĂŽt nommĂ© gouverneur, il fait rĂ©gner lâordre, et destitue Cassio qui a commis une faute ; ManipulĂ© par Iago, il sombre dans la jalousie, mais non dans lâinaction il frappe DesdĂ©mone, lâinsulte lors de la scĂšne du bordel », et dĂ©cide froidement dâĂ©liminer Cassio et dâassassiner DesdĂ©mone â un dessein aussitĂŽt mis en Ćuvre. SitĂŽt la vĂ©ritĂ© apprise, il tente de tuer Iago, puis se suicide. Câest donc un personnage constamment en mouvement, et qui ne nous laisse rien ignorer de ses changements dâhumeur, de ses tourments⊠Mais est-il pour autant une figure barbare ? Le More, une figure ambivalente Certes les ennemis dâOthello voient en lui une figure repoussante. Roderigo parle avec mĂ©pris de ce lippu » p. 79, de la puante Ă©treinte dâun More des plus lubriques » p. 87, dâun Ă©tranger, un aventurier, un vagabond, ni dâici ni de nulle part » ibid. ; Iago le dĂ©crit comme un vieux bĂ©lier, la nuit tĂ©nĂ©breuse en personne » p. 81, et plus loin comme un Ă©talon de la Barbarie » p. 85, un vagabond de la cĂŽte barbaresque » p. 141 ; Brabantio Ă©voque, en parlant de sa fille, de ce quâelle avait peur de simplement regarder », et le voit sous les traits dâun sorcier⊠Mais il faut noter que ces trois personnages sont les seuls Ă exprimer des sentiments racistes Ă lâĂ©gard dâOthello. Et leur parole est dĂšs lors dĂ©valorisĂ©e. Pour tous les autres un honnĂȘte homme et un hĂ©ros. Ce qui frappe au contraire, câest lâunanimitĂ© qui entoure Othello. On peut dĂ©plorer son emportement comme Lodovico quand il le voit frapper DesdĂ©mone, ou Emilia, mais cela nâenlĂšve rien Ă lâestime gĂ©nĂ©rale. MĂȘme Iago est obligĂ© dâadmettre quâOthello est un homme de bien Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, il croit les gens honnĂȘtes pour peu quâils le paraissent » p. 145. Mieux encore, Ă aucun moment son hĂ©roĂŻsme et sa loyautĂ© au service de Venise ne sont mises en cause nul ne le soupçonne dâune quelconque sympathie envers les Ottomans. Si bien quâau dĂ©nouement, lorsque lâon dĂ©couvre avec horreur le meurtre de DesdĂ©mone, chez les assistants câest plutĂŽt la pitiĂ© qui domine OĂč est ce forcenĂ©, cet homme si malheureux ? » demande Lodovico. Aux yeux du spectateur, Othello est-il un barbare ? Othello fait partie des tragĂ©dies les plus sombres de Shakespeare, et le spectateur moderne peut ĂȘtre horrifiĂ© Ă bon droit de la violence du personnage il frappe, il insulte DesdĂ©mone, il prĂ©mĂ©dite froidement lâassassinat de Cassio et lâexĂ©cution de DesdĂ©mone. Mais si cette violence est indĂ©niable, elle nâa rien Ă voir avec une nature barbare » qui serait celle du seul Othello. Cette violence, en rĂ©alitĂ©, est partagĂ©e par lâensemble de la sociĂ©tĂ© ! Cassio manque de tuer Roderigo, qui lui a manquĂ© de respect ; Roderigo accepte sans broncher la mission dâassassiner Cassio, avec ce commentaire Ce ne sera quâun homme de moins. Un coup dâĂ©pĂ©e, il est mort » p. 411 Dans le combat qui sâensuit, Roderigo et Cassio se blessent mutuellement, avec la volontĂ© de tuer. Mais le pire de tous est Ă©videmment Iago il fait en sorte que Cassio et Roderigo sâentretuent, et il achĂšve lui-mĂȘme Roderigo, pourtant son complice ; dĂ©masquĂ©, il poignarde Emilia⊠sans compter quâau passage, il fait accuser Bianca, qui serait probablement condamnĂ©e Ă mort si la vĂ©ritĂ© nâavait pas Ă©claté⊠La violence et le sang nâont donc absolument rien Ă voir avec la nature » dâOthello, et personne dâailleurs ne fait le rapprochement. Le dĂ©nouement certes est sanglant, mais comme le sont ceux dâHamlet ou de Macbeth⊠Racisme, sexisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello LâĂ©poque Ă©lizabĂ©thaine, et plus particuliĂšrement le théùtre, ignore le politiquement correct » racisme et prĂ©jugĂ©s en tous genres sây expriment librement, sans que cela suscite de rĂ©actions outragĂ©es. Ce qui rend un certain nombre de piĂšces injouables aujourdâhui⊠Ainsi, Le Marchand de Venise met-il en scĂšne un personnage de juif particuliĂšrement glaçant ! Othello nây Ă©chappe pas le protagoniste est un Noir cf. plus haut, et la victime une femme ; deux victimes privilĂ©giĂ©es des prĂ©jugĂ©s⊠Racisme et xĂ©nophobie Un contexte favorable Ă la xĂ©nophobie LâAngleterre est une Ăźle, elle a optĂ© pour la rĂ©forme anglicane en 1535, ce qui a ajoutĂ© un nouvel ennemi Ă la longue liste de ceux qui menacent le pays. Celui-ci se sent cernĂ© par les papistes », et notamment les missions jĂ©suites qui cherchent Ă dĂ©stabiliser le royaume â or lâIrlande, toute proche, est restĂ©e catholique ; par le reste de lâEurope, France, Espagne notamment que lâon pense Ă l' »invincible armada » lancĂ©e par Philippe II dâEspagne en 1588, vaincue par la flotte anglaise ; et, bien au-delĂ de ce second cercle, lâimmensitĂ© du monde paĂŻen, que les grandes dĂ©couvertes » ont permis de mieux connaĂźtre. Les Anglais sont accablĂ©s par la pluralitĂ© des mĆurs et des religions ces gens-lĂ , les plus Ă©loignĂ©s, juifs, musulmans et paĂŻens, il y a bien peu de chances de les convertir⊠Ajoutons le fait que lâAngleterre du 16Ăšme siĂšcle souffre dâun retard technique chronique elle doit faire appel Ă de nombreux Ă©trangers pour quâils importent des techniques et en tirent bĂ©nĂ©fice ceux-ci seront souvent accusĂ©s de crĂ©er la disette ! De nombreuses Ă©meutes anti-Ă©trangers vont Ă©clater, tout au long du siĂšcle. Or lâennemi est Ă la porte mĂȘme de lâAngleterre, comme le montre lâaffaire Calvin ». Le roi Jacques Ier avait rattachĂ© lâEcosse au royaume dâAngleterre, suscitant dans le pays une vague de chauvinisme et de haine â lâEcossais Ă©tant considĂ©rĂ© comme un barbare. La question Ă©tait venue en 1607 au tribunal un enfant nĂ© en Ecosse avant lâavĂšnement de Jacques Ier en 1603 Ă©tait-il citoyen anglais ou Ă©tranger ? Lâaffaire Ă©tait dâimportance, car le jeune Robert Calvin devait hĂ©riter de terres en Angleterre ; or, sâil Ă©tait reconnu Ă©tranger, il ne pouvait avoir aucun bien foncier. La cour de justice avait fini par statuer en sa faveur, mais Ă la suite de cela, trois types dâĂ©trangers avaient Ă©tĂ© dĂ©finis Les Ă©trangers amis ceux qui viennent dâun pays alliĂ© de lâAngleterre. Ils peuvent habiter dans le royaume, y acheter des biens meubles, mais ne peuvent possĂ©der ni terre, ni hĂ©ritage foncier. Les Ă©trangers ennemis temporaires ceux des pays catholiques, Espagnols ou Français, par exemple, dont on peut espĂ©rer une Ă©ventuelle conversion, ou dont les gouvernements peuvent devenir alliĂ©s de lâAngleterre ; Les Ă©trangers avec sauf-conduit » ceux des autres pays, Ă qui lâon a accordĂ© lâautorisation de rĂ©sider en Angleterre par exemple des diplomates ; Les Ă©trangers perpĂ©tuels juifs, musulmans ou paĂŻens. Ceux-lĂ sont dĂ©nuĂ©s de tous droits ; leur exclusion est totale et dĂ©finitive. MĂȘme convertis, on ne leur fait pas confiance et leur conversion est considĂ©rĂ©e comme fragile ou hypocrite. Barbares, ils sont hors de la loi naturelle et de la loi de Dieu. Si lâAngleterre conquiert leur pays, elle a le droit dâabolir toutes leurs lois et coutumes lâAngleterre colonisatrice considĂšre des groupes humains entiers comme des sauvages et des animaux. Racisme et xĂ©nophobie dans la piĂšce Il y a plusieurs Ă©trangers dans la piĂšce, qui reprennent la hiĂ©rarchie prĂ©cĂ©demment indiquĂ©e LâĂ©tranger ami Michel Cassio. Celui qui a supplantĂ© Iago auprĂšs dâOthello est Florentin ; et voici comment il est dĂ©crit un grand calculateur ⊠un Florentin, du nom de Michel Cassio, / Un qui se damnerait pour de belles femmes, / Mais qui, jamais, jamais, nâa menĂ© se battre / La moindre escouade ; et qui ne sait pas mieux / que fille Ă son fuseau commander la troupe ! » p. 75 ; et quelques vers plus bas, il est qualifiĂ© de Ce caissier, ce gratte-sous . Certes, câest toute la haine dâIago qui sâexprime ainsi, et devant sa dupe Roderigo ; mais justement, Iago sait fort bien sâappuyer sur les prĂ©jugĂ©s de ceux quâil entend manipuler⊠LâĂ©tranger perpĂ©tuel le Turc. Sâil est un point sur lequel tout le monde est dâaccord, câest la guerre contre le Turc, ennemi belliqueux et conquĂ©rant qui veut sâemparer de Rhodes et de Chypre, possessions vĂ©nitiennes, ennemi dâautant plus haĂŻssable quâil est habile stratĂšge, ennemi total puisque musulman. notre ennemi Ă tous, lâOttoman » p. 111 ; câest dâailleurs parce quâil est le plus apte Ă combattre cet ennemi quâOthello obtient lâaccord du Doge pour son mariage avec DesdĂ©mone⊠Le Turc est donc Ă la fois redoutĂ© pour sa puissance, et mĂ©prisĂ© Ă lâacte II, la tempĂȘte qui anĂ©antit sa flotte apparaĂźt comme un signe divin. Et Turc » est une insulte. Je dis le vrai, ou câest que je suis un Turc , dit Iago p. 161. et Othello, dans sa derniĂšre rĂ©plique, raconte que Ă Alep, une fois, voyant un malveillant Turc enturbannĂ© Frapper un VĂ©nitien et insulter Venise, Je saisis par la gorge ce chien circoncis Et lâembrochai, â ainsi. » p. 479-481. LâĂ©tranger perpĂ©tuel Othello ? Nous avons vu plus haut le caractĂšre ambivalent dâOthello, Ă la fois hĂ©ros reconnu, ĂȘtre parfait, mais aussi Barbare aux yeux de ses ennemis, et Ă ses propres yeux. aux yeux de Brabantio, DesdĂ©mone a trahi son propre sang » mĂȘme converti, mĂȘme Ă©duquĂ© comme un VĂ©nitien, mĂȘme devenu un hĂ©ros national, Othello reste un Barbare, Ă peine un humain Se pourrait-il quâune fille aussi tendre, aussi belle et heureuse, ⊠aurait couru ⊠vers la poitrine noire comme la suie dâun machin comme toi ? » p. 101 ; et p. 105 Si de tels mĂ©faits avaient libre cours, Esclaves et paĂŻens nous gouverneraient . Quoi quâil fasse, Othello ne sera jamais quâun esclave » et un paĂŻen ». Les mĂ©taphores qui le dĂ©signent sont soit animaliĂšres, soit diaboliques le diable », les sciences de lâenfer », un dĂ©mon » Il se croit immĂ©diatement trahi de DesdĂ©mone parce quâil doute de sa propre capacitĂ© Ă ĂȘtre aimĂ© ; pour lui aussi, le choix de la jeune femme est contre nature Est-ce parce que je suis noir, ou nâai en rien / les faciles maniĂšres des gens des villes, / ou redescends la pente de la vie⊠» p. 267. Lui-mĂȘme associe la couleur de sa peau Ă une souillure mon nom ⊠le voici souillĂ© maintenant, noir comme lâest ma face ». p. 281. Lâennemi perpĂ©tuel Iago. Iago est Ă la fois VĂ©nitien, soldat ayant fait la preuve de sa vaillance, et honnĂȘte homme aux yeux de tous, y compris dâOthello. Mais il est le pire ennemi, celui qui trahit de lâintĂ©rieur â la hantise des citadelles assiĂ©gĂ©es ! Seule DesdĂ©mone a, un moment, perçu sa mĂ©chante nature. Mais, une fois dĂ©voilĂ©, par un renversement spectaculaire, câest lui qui devient lâAutre absolu, tandis quâOthello est rĂ©intĂ©grĂ© parmi les hommes. Iago est alors fameuse canaille », ordure », suppĂŽt de lâenfer », vipĂšre », esclave damnĂ© » Y. Bonnefoy traduit a damned slave » par maudite canaille » p. 473 ; mais le terme slave », esclave » est important Iago Ă son tour est ravalĂ© au rang infra-humain qui Ă©tait celui dâOthello. Il devient mĂȘme chien de Sparte », promis au supplice â comme un esclave. Les prĂ©jugĂ©s contre les femmes Nous avons Ă©tudiĂ© plus haut les personnages fĂ©minins de la piĂšce. Si les femmes sont moins rejetĂ©es sans doute que les Ă©trangers, les prĂ©jugĂ©s Ă leur Ă©gard ne manquent pas, exprimĂ©s entre autres par Brabantio, Iago surtout, puis Othello lorsquâil est sous influence ; et lâon peut penser que la force de ces prĂ©jugĂ©s est pour beaucoup dans la facilitĂ© avec laquelle il a cru Ă la trahison de DesdĂ©mone. On est encore dans la lignĂ©e de la querelle des femmes » La femme est bavarde reproche constant dâIago Ă Emilia â et ironiquement, il sera effectivement confondu par les paroles de sa femme ! ; La femme est inconstante, lascive, toute entiĂšre soumise Ă ses dĂ©sirs cf. le discours dâIago Ă Roderigo, II, 1 ; La femme est surtout trompeuse, experte en mensonges, toujours prĂȘtes Ă berner un mari trop confiant Je sais trop ce que sont nos VĂ©nitiennes, Et quâil nâest que le Ciel qui sache les tours QuâĂ leurs maris elles nâosent certes pas dire. Toute leur morale, Ce nâest pas de ne pas pĂ©cher, câest de nâen rien faire voir. » p. 259 Mais Shakespeare croit-il en ces prĂ©jugĂ©s ? Sâil existe quelques beaux monstres fĂ©minins dans son théùtre, la monstruositĂ© est assez bien rĂ©partie entre hommes et femmes, et ces derniĂšres sont le plus souvent des victimes pitoyables et innocentes OphĂ©lie, Juliette⊠ou DesdĂ©mone. Dans Othello, elles ont le beau rĂŽle si Emilia dit en badinant, pour distraire DesdĂ©mone, quâelle trahirait son mari pour en faire un Roi », en rĂ©alitĂ© toutes les figures fĂ©minines se montrent ici honnĂȘtes, vĂ©ridiques, et sincĂšrement amoureuses du moins Bianca et DesdĂ©mone. La piĂšce apparaĂźt donc plutĂŽt comme un manifeste contre les prĂ©jugĂ©s sexistes. Conclusion Othello, le Noir de la piĂšce, ne devient conforme Ă la figure honnie du Barbare que sous lâinfluence dâun empoisonneur et de ses poisons ; avant, et aprĂšs, il redevient lâĂȘtre parfait dĂ©crit par les bons » personnages. Les femmes de la piĂšce ne correspondent en rien, bien au contraire, aux clichĂ©s sexistes des autres personnages. On peut donc en conclure que Shakespeare prenait grandement ses distances par rapport Ă ces prĂ©jugĂ©s ; sans les combattre frontalement, il savait les remettre en question. La jalousie dans Othello Othello nâest pas, au dĂ©part, vouĂ© Ă la jalousie Othello est un soldat, dont personne Ă part Iago et Roderigo ne met en doute lâhonnĂȘtetĂ© ni la vaillance ; lui-mĂȘme connaĂźt sa propre valeur il nâa donc aucune mĂ©sestime de soi, qui pourrait lui laisser croire que DesdĂ©mone pourrait en aimer un autre. En revanche, il a un sens de lâhonneur chatouilleux, et câest aussi par lĂ que Iago va le toucher. Othello, parfaitement honnĂȘte, sâattend Ă la mĂȘme attitude de la part dâautrui Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, Il croit les gens honnĂȘtes pour peu quâils le paraissent. » p. 145. Il accordera donc foi aux paroles dâIago, dont il nâimagine mĂȘme pas la noirceur ; et inversement, il se croira trahi par Cassio, car les apparences joueront contre celui-ci. Et de mĂȘme, par DesdĂ©mone, quand il pensera avoir la preuve de son infidĂ©litĂ©. Il nây a donc chez Othello aucune prĂ©disposition maladive Ă la jalousie quand Brabantio dĂ©pitĂ© lui lance Aie lâoeil sur elle, More, apprends Ă la surveiller. Elle a trompĂ© son pĂšre, elle peut aussi te tromper. » la seule rĂ©plique dâOthello est Jâai sa foi, jâen rĂ©ponds et sur ma vie ! » On peut y voir, bien sĂ»r, de lâironie tragique ; mais câest aussi et surtout une preuve dâamour et de confiance. Le seul personnage maladivement jaloux, câest Iago â comme un aspect de son envie universelle. PersuadĂ© que toutes les femmes sont lubriques et menteuses, il soupçonne tout naturellement la sienne, sans lâombre dâune preuve Car je soupçonne fort ce More fougueux dâavoir sautĂ© sur ma propre selle et cette pensĂ©e me ronge, comme un poison » p. 181 Emilia elle-mĂȘme y fera allusion acte IV, scĂšne II, lorsquâelle devinera que quelquâun a empoisonnĂ© » lâĂąme dâOthello Câest un sire de cette sorte qui vous avait retournĂ© lâesprit pour vous faire nous soupçonner, moi et le More » p. 383 Emilia non plus nâimagine pas toute la noirceur de Iago⊠et pourtant, elle partage sa vie. Ne minimisons pas la puissance de dissimulation de ce personnage, que tous, Othello, Cassio, Roderigo croient honnĂȘte presque jusquâau dĂ©nouement⊠Seul le public la connaĂźt, puisquâĂ plusieurs reprises Iago la lui a exposĂ©e, droit dans les yeux, exactement comme Richard III dans la piĂšce Ă©ponyme sâest peint lui-mĂȘme comme un criminel â pour le seul public. De la jalousie dâIago Ă celle dâOthello Emilia dĂ©crit ainsi la jalousie ils ne sont pas jaloux pour une raison, mais parce quâils sont jaloux. La jalousie ? un monstre qui sâengendre lui-mĂȘme, et se nourrit de soi. » p. 313 Mais cette jalousie est celle de Iago, non celle dâOthello. Pour Othello, il faudra dâabord lâaction constante, les insinuations perfides dâIago, le poison » moi, dans lâoreille de ce dernier, je verserai de la pestilence⊠» p. 221 Or souvenons-nous de la maniĂšre dont le pĂšre dâHamlet fut assassinĂ© par un poison versĂ© dans son oreille⊠Hamlet date de 1600, quatre ans Ă peine avant Othello ! Iago a le mĂȘme modus operandi » que Claudius, comme lui faux frĂšre » et imposteur. Lâempoisonnement commence trĂšs prĂ©cisĂ©ment par le Ah, je nâaime pas cela », p. 239 ; il se poursuit p. 247, par des allusions plus prĂ©cises. Or, Ă nouveau, Othello refuse de se laisser prendre il exige des preuves irrĂ©futables, concrĂštes. Crois-tu que je veuille une vie de jaloux, avec soupçons croissant et dĂ©croissant comme les phases de la lune ? ⊠⊠Non, non, Iago, avant de soupçonner je veux avoir vu. Et si je dois douter je demanderai des preuves. » p. 259 Ce nâest pas lĂ le comportement dâun jaloux maladif, mais dâun homme rationnel et droit ; en revanche, si on lui dĂ©montre la culpabilitĂ© de DesdĂ©mone, il tranchera, exactement comme il lâa fait en destituant Cassio. Et si le doute sâinsinue en lui, câest simplement quâil croit Iago honnĂȘte, et nâimagine pas une quelconque malveillance de sa part cet honnĂȘte homme » p. 265, cet homme est dâune extrĂȘme honnĂȘtetĂ© » p. 267 Or la preuve que va apporter Iago a toutes les apparences dâune preuve irrĂ©futable le mouchoir, cet objet Ă la fois talisman et signe dâamour, que Iago va faire apparaĂźtre entre les mains de Cassio â et qui suscitera les dĂ©nĂ©gations maladroites de DesdĂ©mone. LĂ encore, le spectateur nâignore rien de la machination, mais aux yeux dâOthello, cela ne peut apparaĂźtre que comme la preuve absolue de la trahison DesdĂ©mone nâa plus le mouchoir, mais elle ne fournit aucune explication ; elle sâobstine Ă plaider la cause de Cassio, avec qui on lâa vue discuter en tĂȘte-Ă -tĂȘte ; Iago, quâil croit honnĂȘte, lui raconte un aveu de Cassio durant son sommeil p. 285 plus tard, Othello entendra Cassio parler avec mĂ©pris dâune femme trop amoureuse⊠Enfin Cassio lui-mĂȘme est mal Ă lâaise face Ă Othello. Chaque fait isolĂ© a une explication, mais Othello, empoisonnĂ© par Iago, ne peut Ă©videmment comprendre autre chose que la trahison. Une juste colĂšre ? Othello est donc convaincu que DesdĂ©mone et Cassio lâont trahi. Sa rĂ©action est-elle condamnable, aux yeux de Shakespeare ? Rien nâest moins sĂ»r. Pour le comprendre, il faut revenir Ă dâautres figures de la jalousie, dans la littĂ©rature et le théùtre ; et une autre figure sâimpose alors celle de MĂ©dĂ©e. Dans la piĂšce dâEuripide, MĂ©dĂ©e nâest pas dâemblĂ©e condamnĂ©e, en tous cas pas Ă cause de sa jalousie. En effet, elle a tout donnĂ© Ă Jason en trahissant son propre pĂšre, elle lui a permis de conquĂ©rir la toison dâor et lui a donc donnĂ© le pouvoir ; elle a abandonnĂ© sa patrie pour le suivre Ă Corinthe ; elle lui a donnĂ© deux enfants. Et voilĂ quâil prĂ©tend dĂ©sormais la rĂ©pudier, pour Ă©pouser une princesse, CrĂ©ĂŒse⊠MĂ©dĂ©e revendique sa colĂšre, ÎŒáżÎœÎč, le mĂȘme mot quâAchille ! Elle la clame haut et fort, et le spectateur la suit ; EgĂ©e, dâailleurs, accepte de lâaccueillir. Si elle nâavait pas manifestĂ© sa fureur, elle eĂ»t passĂ© pour une Ăąme dâesclave, indigne de la princesse quâelle Ă©tait. Le seul moment oĂč elle est condamnable, câest quand elle se trompe de cible, et tue ses enfants. Mais ni le meurtre de CrĂ©ĂŒse, ni sa fureur contre Jason nâapparaissent indignes dâelle. Il faudra attendre SĂ©nĂšque, le stoĂŻcisme, et cette sagesse consistant Ă ne pas Ă©prouver de colĂšre, ni dâĂ©motion, mais Ă refouler sa douleur, pour que MĂ©dĂ©e apparaisse comme une folle, Ă la fois faible et criminelle. De la mĂȘme façon, Othello se montrerait faible et indigne de lui-mĂȘme, de ses valeurs, sâil acceptait le dĂ©shonneur du cocuage sans rĂ©agir si on lui apporte la preuve, alors il devra trancher. Relisons la page 258-259 Non, si je doute, je trancherai aussitĂŽt. ⊠AprĂšs quoi, preuve faite, quelle suite ? En finir sur-le-champ avec et la jalousie et lâamour. » Othello se considĂšre comme doublement trahi, dans ses sentiments, certes, mais aussi dans son honneur ; cf. p. 323 le dĂ©shonneur de DesdĂ©mone ne peut que rejaillir sur lui. Voici le dĂ©nouement â Lodovico Othello ! Toi qui Ă©tais un homme de bien, tâĂȘtre laissĂ© empiĂ©ger par cette maudite canaille ! Quel nom va-t-on te donner ? â Othello Ah, peu importe ! Un meurtrier par honneur, si vous voulez. Je ne fis rien par haine, je ne pensais quâĂ lâhonneur. » p. 473 Textes expliquĂ©s incipit Acte II, scĂšne 1 Lâincipit, p. 73-79, du dĂ©but Ă quâil y perde de sa couleur ! » Le tout premier texte met en scĂšne un des personnages principaux, Iago, accompagnĂ© dâun comparse, Roderigo, qui joue un peu ici le rĂŽle dâun confident il Ă©coute et donne la rĂ©plique Ă Iago. Le cadre et les prĂ©misses de lâaction La scĂšne se passe Ă Venise, la nuit. Rien nâindique pour le moment, clairement, dans quel contexte historique se joue la scĂšne, mais il sera fait plus tard des allusions Ă la bataille de LĂ©pante 1571. La piĂšce de Shakespeare datant de 1604, cela ne renvoie pas Ă un passĂ© bien lointain une trentaine dâannĂ©es⊠Les allusions Ă Rhodes et Chypre suffisaient aux contemporains pour situer la scĂšne. Le contexte est militaire Iago se plaint de nâavoir pas obtenu un poste de lieutenant auprĂšs dâOthello, et dâĂȘtre obligĂ© de se contenter dâĂȘtre son enseigne⊠Puis, Ă la fin du passage, le contexte change il est question de la fille », du pĂšre » quâil faut rĂ©veiller on suppose alors quâĂ la jalousie militaire se superpose une jalousie amoureuse. PrĂ©sentation des protagonistes La plupart des protagonistes sont prĂ©sentĂ©s ici, soit par eux-mĂȘmes en une sorte dâauto-portrait, soit par Iago et Roderigo. Le More de Venise, Othello De rang Ă©levĂ© il nomme son lieutenant, est servi par un enseigne, il est lâobjet de la haine, tant dâIago que de Roderigo. Chez Iago, la haine dâun homme qui se sent flouĂ© se mĂȘle au mĂ©pris le plus violent Lui qui se dĂ©lecte, dans son orgueil de tout ce quâil concocte, il les a menĂ©s en bateau avec son baratin, une soupe immonde, toute gonflĂ©e dâimages militaires. » p. 75 A ses yeux, Othello nâest quâun miles gloriosus , un beau parleur sans rĂ©elle valeur. Sa haine aveugle va le conduire Ă trahir Othello, et il thĂ©orise ici sa trahison et Ă lui nuire de toutes les maniĂšres possibles. Othello nâest pas mieux vu de Roderigo ; mais chez lui, sâexprime davantage une haine raciste il en a de la chance, ce lippu ! » que des griefs rĂ©els. On peut imaginer quâOthello fait preuve dâun certain aveuglement il se croit loyalement servi, et ne se rend pas compte de la haine quâil suscite. Michel Cassio Câest le jeune homme Florentin quâOthello a choisi pour lieutenant. Iago nous apprend quâil sâagit dâun homme Ă femmes, peu expert dans le mĂ©tier des armes. Iago le mĂ©prise, mais le hait somme toute moins quâOthello ; il servira dâoutil Ă sa vengeance. Auto-portrait dâIago Câest le personnage le plus agissant de la tragĂ©die, et le plus spectaculaire. Son portrait se prĂ©cisera tout au long de la piĂšce ; mais ici, dĂ©jĂ , il se manifeste comme un protagoniste câest lui qui prononce les plus longues tirades, qui donne des leçons et des ordres⊠Câest un redoutable manipulateur. Il apparaĂźt dâabord comme un homme en colĂšre il sâattendait Ă une promotion, et câest un homme de moindre valeur qui lâa obtenue Ă sa place. Toute la page 75 exprime sa fureur devant ce quâil ressent comme une Ă©norme injustice, dont Othello sâest rendu coupable. Puis, Ă partir de la p. 77, il passe Ă lâaction. Tout dâabord, sur un ton trĂšs sentencieux, il fait la thĂ©orie du serviteur traĂźtre ; il oppose le mĂ©prisable bon serviteur » amoureux de sa servitude, Ă lâhypocrite assumĂ© quâil veut ĂȘtre ; MoliĂšre se souviendra peut-ĂȘtre de cet Ă©loge de lâhypocrisie » dans son Dom Juan⊠Il nâest pas sĂ»r, dâailleurs, que Roderigo lâait bien Ă©coutĂ© ! En effet, il suit sa propre pensĂ©e â ce qui ne manque pas de produire un dĂ©calage comique entre la grandiloquence dâIago et lâindiffĂ©rence de son complice. Il entre immĂ©diatement en action, en poussant Roderigo Ă dĂ©noncer Othello et DesdĂ©mone au pĂšre de celle-ci dans sa haine contre Othello, il nâhĂ©site pas Ă tout piĂ©tiner autour de lui. DesdĂ©mone, la fille », nâa droit quâĂ son mĂ©pris elle aussi. Iago apparaĂźt ici comme un personnage inquiĂ©tant, dĂ©pourvu de tout scrupule moral, prĂȘt Ă tout pour se venger â et dâautant plus dangereux quâil sait revĂȘtir le masque du bon serviteur. Acte II, scĂšne 1, de mets-toi le doigt sur la bouche » Ă ce que permettront les circonstances ». Tous les personnages se sont retrouvĂ©s Ă Chypre ; entre-temps, le danger turc a disparu, et Othello veut fĂȘter en mĂȘme temps la sĂ©curitĂ© retrouvĂ©e et son propre mariage. Ici Iago tente une fois encore de circonvenir le naĂŻf Roderigo. Construction du texte DesdĂ©mone ne peut que se dĂ©goĂ»ter de son mari ; Elle ne peut quâĂȘtre amoureuse de Cassio ; Il faut donc passer par Cassio pour atteindre Othello. Câest un raisonnement faux de bout en bout⊠et pourtant, la machination va tragiquement rĂ©ussir ! Un jeu de massacre Une leçon de misogynie Le raisonnement dâIago semble implacable par sa nature mĂȘme, DesdĂ©mone est condamnĂ©e Ă trahir Othello. l. 15 Il y a chez lui une vĂ©ritable haine des femmes, qui sâexprime de la maniĂšre la plus brutale. Les femmes sont, selon lui, toutes entiĂšres guidĂ©es par des passions dĂ©vergondĂ©es et lascives » ; elles ont besoin de rĂ©veiller le dĂ©sir » ; le moindre geste nâest guidĂ© que par la paillardise », la luxure », les pensĂ©es dĂ©pravĂ©es ». Outre que Iago prĂȘte Ă DesdĂ©mone ses propres obsessions, on remarquera quâil se place dans une longue tradition misogyne, qui va dâAristophane aux Fabliaux, et Ă la Querelle des femmes ». Iago est lâĂȘtre qui toujours nie » rien ne rĂ©siste Ă ses convictions â ni Ă son mĂ©pris DesdĂ©mone nâest que la fille », semblable Ă toutes les jeunes folles ». Une leçon de haine raciste Rien dâOthello ne rĂ©siste au regard dĂ©valorisant dâIago. Ses rĂ©cits ? ses rodomontades et de fantastiques mensonges », des balivernes ». Sa personne ? Il nâa ni charme, ni jeunesse, ni Ă©lĂ©gance ; il ne peut que susciter le dĂ©goĂ»t et la haine â lâamour de DesdĂ©mone nâest, au mieux, quâune illusion, au pire, un mensonge. Mais Iago nâest pas tellement diffĂ©rent, en cela, de Brabantio, par exemple, ou de Roderigo lui-mĂȘme⊠La haine et le mĂ©pris envers les protagonistes nâest donc, chez Iago, quâune monstrueuse amplification des clichĂ©s misogynes et racistes qui ont cours dans la sociĂ©tĂ© oĂč il vit ; et câest sans doute pourquoi on lâĂ©coute, et on le croit il fait Ă©cho Ă la pensĂ©e profonde de son public. Une haine gĂ©nĂ©rale⊠⊠qui nâĂ©pargne Ă©videmment pas le Beau Cassio » ce coquin est un beau parleur » sous une apparence polie et sympathique, câest lui aussi un monstre sensuel et prĂȘt Ă tout ; un homme sans qualitĂ©s » mais capable de les simuler toutes⊠Auto-portrait dâIago lâhomme qui toujours nie » Bien avant le MĂ©phistophĂ©lĂšs du Faust de Goethe, Iago constitue la parfaite figue du nihiliste. Rien ni personne Ă ses yeux ne trouve grĂące, ni DesdĂ©mone, ni Othello unanimement respectĂ© comme chef militaire, ni Cassio⊠ni mĂȘme Roderigo, qui nâest Ă ses yeux quâun benĂȘt Ă Ă©duquer, et un moyen. Il semble vivre dans un monde entiĂšrement nĂ©gatif, oĂč les apparences les plus riantes ne recouvrent quâune noirceur intĂ©grale. Sa haine sâattache particuliĂšrement aux sentiments, qui littĂ©ralement, Ă ses yeux, nâexistent pas. Toute sympathie ne peut ĂȘtre que de nature sexuelle â or le sexe le dĂ©goĂ»te profondĂ©ment. Le Pouah ! » de la ligne 44 est un cri du cĆur ! Lui-mĂȘme, dâailleurs, vit avec sa femme dans le conflit et le mĂ©pris. Un redoutable parleur Iago cependant est Ă©coutĂ©, peut-ĂȘtre parce quâil nâest pas dĂ©nuĂ© de talent. Un talent dâargumentateur il sait tordre la rĂ©alitĂ© pour convaincre, flatter son interlocuteur ta sagacitĂ© », dĂ©montrer et persuader⊠Un jeu dâacteur on peut imaginer une verve de bonimenteur Madame la SensibilitĂ©, jeu sur les images le vin quâelle boit est fait dâun fameux raisin »⊠Une rĂ©elle autoritĂ© nombreux impĂ©ratifs⊠Conclusion Iago sâaffirme comme un personnage dangereux ; rien ne saurait le convaincre une fois quâil a pris quelquâun dans ses filets, et il ne reculera devant rien. Et le pĂąle Roderigo nâest quâune marionnette entre ses mains. Bibliographie Darge Fabienne, LâOthello sauvage de Thomas Ostermeier , Le Monde culture, 21 mars 2011. Marienstras Richard, Le Proche et le lointain. Sur Shakespeare, le drame Ă©lisabĂ©thain et lâidĂ©ologie anglaise des XVIĂšme et XVIIĂšme siĂšcles. Ăditions de Minuit, 1981. Lire en particulier le chapitre VI. Marienstras Richard et Gow-Blanquet Dominique, Autour dâOthello, colloque des 5-6-7 fĂ©vrier 1987, Amiens, Presses de lâUFR Clerc, UniversitĂ© de Picardie, 1987. Sissa Giulia, La Jalousie, une passion inavouable, Odile Jacob, Paris, 2015, 259 p. lire notamment lâanalyse dâOthello, p. 152-160. 12K views, 61 likes, 31 loves, 17 comments, 19 shares, Facebook Watch Videos from Temple de Saint-BenoĂźt, Muruga, au nom de la vĂ©ritĂ©: A la veille des dix jours de Cavadee au Temple Siva A la veille des dix jours de Cavadee au Temple Siva Soupramanien de Saint-BenoĂźt, demain jeudi 2 juin 2022, Ă 15 heures, aura lieu la cĂ©rĂ©monie de | By Temple de Saint Navigation principale CinĂ©ma News Le cahier critique Sorties CinĂ©ma Horaires et salles Prochainement Box-Office Photos Videos Dossiers SĂ©ries News Photos VidĂ©os Dossiers Toutes les sĂ©ries TV News Photos VidĂ©os Dossiers Audiences TĂ©lĂ© DVD / VOD News Photos VidĂ©os Bandes-Annonces People News Toutes les stars Photos VidĂ©os Dossiers SĂ©ries SĂ©ries tĂ©lĂ© TĂ©lĂ©film de suspense Au nom de la vĂ©ritĂ© SĂ©rie News Photos VidĂ©os Casting Ăpisodes Diffusions VidĂ©o Ă la une Premiere en continu Le guide des sorties Jeux concours NEWSLETTER Aunom de la vĂ©ritĂ©: Machination amoureuse. Gde gledati. Emisija nije dostupna u zemlji. SINOPSIS. PREPORUKE. Bokser (2009) danas. Ben je mladiÄ problematiÄne proĆĄlosti. DoĆĄao je dan kada Äe da izaÄe iz zatvora. Ben ĆŸeli promeniti svoj ĆŸivot i postati bolji Äovek. Na svom ĆŸivotnom putu Projekat dinosaurus (2012) danas. Ljuk je nedavno izbaÄen iz ĆĄkole, jer jeChacund'entre nous s'est dĂ©jĂ retrouvĂ© au moins une fois, au cĆur de la tourmente Au nom de la vĂ©ritĂ© est une nouvelle fiction quotidienne de vingt-six minutes, qui s'attache Ă des hĂ©ros du
1 LâĂtranger â Albert Camus RĂ©sumĂ© condamnĂ© Ă mort, Meursault. Sur une plage algĂ©rienne, il a tuĂ© un Arabe. Ă cause du soleil, dira-t-il, parce quâil faisait chaud. On nâen tirera rien dâautre. Rien ne le fera plus rĂ©agir ni lâannonce de sa condamnation, ni la mort de sa mĂšre, ni les paroles du prĂȘtre avant la Le Petit Prince â Antoine de Saint-ExupĂ©ry RĂ©sumĂ© â- Sâil vous plaĂźt⊠dessine-moi un mouton! â Hein! â Dessine-moi un moutonâŠâ Jâai sautĂ© sur mes pieds comme si jâavais Ă©tĂ© frappĂ© par la foudre. Jâai bien frottĂ© mes yeux. Jâai bien regardĂ©. Et jâai vu un petit bonhomme tout Ă fait extraordinaire qui me considĂ©rait LâAttrape-cĆurs â Salinger RĂ©sumĂ© LâAttrape-cĆurs est lâhistoire dâune fugue, celle dâun garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassĂ© de son collĂšge trois jours avant NoĂ«l, qui nâose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et dâaventures cocasses, sordides ou Ă©mouvantes, dâincertitude et dâanxiĂ©tĂ©, Ă la recherche de soi-mĂȘme et des autres. Lâhistoire Ă©ternelle dâun gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et 1984 â George Orwell RĂ©sumĂ© de tous les carrefours importants, le visage Ă la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, rĂ©pĂ©tait la lĂ©gende, tandis que le regard des yeux noirs pĂ©nĂ©trait les yeux de Winston⊠Au loin, un hĂ©licoptĂšre glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flĂšche, dans un vol courbe. CâĂ©tait une patrouille qui venait mettre le nez aux fenĂȘtres des gens. Mais les patrouilles nâavaient pas dâimportance. Seule comptait la Police de la Le Portrait de Dorian Gray â Oscar Wilde RĂ©sumĂ© alors quâil rend visite Ă son ami peintre Basil Hallward, Lord Henry rencontre le jeune Dorian Gray. ĂmerveillĂ© par sa jeune beautĂ© et sa naĂŻvetĂ©, il se lie rapidement dâamitiĂ© avec lui et dit, en plaisantant, quâune fois le portrait terminĂ©, seul celui-ci gardera Ă jamais cette beautĂ© tandis que Dorian vieillira peu Ă peu. Le jeune homme dĂ©clare alors quâil donnerait son Ăąme pour que ce portrait vieillisse Ă sa place. Ă ces mots, tous rirent⊠sur le moment. EffrayĂ© par ce portrait si parfait, Dorian le laissera chez lui, protĂ©gĂ© de la vue de tous, cachant honteusement le secret de son ĂąmeâŠ6 Le Meurtre de Roger Ackroyd â Agatha Christie RĂ©sumĂ© un soir, dans sa propriĂ©tĂ© de Fernly Park, lâindustriel Roger Ackroyd se confie Ă son ami le Dr Sheppard. La veuve quâil envisageait dâĂ©pouser sâest suicidĂ©e pour Ă©chapper Ă un chantage. Dans une ultime lettre, elle lui rĂ©vĂšle le nom de celui qui dĂ©tient un terrible secret un an plus tĂŽt, elle a assassinĂ© son mari. Peu aprĂšs avoir livrĂ© ces confidences, Roger Ackroyd est retrouvĂ© mort, poignardĂ©. Et la fameuse lettre a disparuâŠ7 Au Bonheur des Dames â Ămile Zola RĂ©sumĂ© Octave Mouret affole les femmes de dĂ©sir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus sâamoncellent, Ă©blouissants, dĂ©licats. Tout ce quâune femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques rĂ©volutionnaires. Le succĂšs est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spĂ©culations immobiliĂšres se multiplient, et le personnel connaĂźt une vie dâenfer. Denise Ă©choue de Valognes dans cette fournaise, dĂ©munie mais Mercure â AmĂ©lie Nothomb RĂ©sumĂ© sur une Ăźle au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolĂ©s, entourĂ©s de serviteurs et de gardes du corps, Ă lâabri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage. EngagĂ©e pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmiĂšre, va dĂ©couvrir pourquoi Hazel se rĂ©signe aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystiqueâŠ9 Gatsby le magnifique â F. Scott Fitzgerald RĂ©sumĂ© New York, annĂ©es folles⊠Dans sa somptueuse demeure de Long Island, Jay Gatsby organise de fastueuses rĂ©ceptions oĂč les invitĂ©s se pressent en foule. Mais leur hĂŽte ne cherche Ă Ă©blouir quâune seule personne Daisy Buchanan. Elle est Ă©lĂ©gante, riche, sĂ©duisante, mais elle est la femme dâun hĂ©ritier millionnaireâŠ10 LâĂcume des jours â Boris Vian RĂ©sumĂ© câest un conte de lâĂ©poque du jazz et de la science-fiction, Ă la fois comique et poignant, heureux et tragique, fĂ©erique et dĂ©chirant. Dans cette Ćuvre dâune modernitĂ© insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animĂ©, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme dâun nĂ©nuphar, le cauchemar va jusquâau bout du dĂ©sespoir. Mais seules deux choses demeurent Ă©ternelles et triomphantes le bonheur ineffable de lâamour absolu et la musique des Noirs amĂ©ricainsâŠ11 Huis clos â Jean-Paul Sartre RĂ©sumĂ© Estelle, Garcin et InĂšs, morts, se rencontrent en enfer, dans un salon Empire. Ils sâattendent Ă y subir des tortures infinies et Ă y retrouver leurs victimes. Ensemble, ils discutent de ce qui les attend, de ce qui les a conduit lĂ et tissent dâimpossibles relations les uns avec les autres pour finalement comprendre que âlâenfer câest les autresâ.12 LâAlchimiste â Paulo Coelho RĂ©sumĂ© Santiago, un jeune berger andalou, part Ă la recherche dâun trĂ©sor enfoui au pied des Pyramides. Lorsquâil rencontre lâAlchimiste dans le dĂ©sert, celui-ci lui apprend Ă Ă©couter son cĆur, Ă lire les signes du destin et, par-dessus tout, Ă aller au bout de son Harry Potter â Rowling RĂ©sumĂ© le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin Ă©levĂ© par un oncle et une tante qui le dĂ©testent, voit son existence bouleversĂ©e. Un gĂ©ant nommĂ© Hagrid vient le chercher pour lâemmener Ă Poudlard, une Ă©cole de sorcellerie! Voler en balai, jeter des sorts, combattre les trolls Harry se rĂ©vĂšle un sorcier douĂ©. Mais quel est le mystĂšre qui lâentoure? Et qui est lâeffroyable VâŠ, le mage dont personne nâose prononcer le nom?14 Shutter Island â Dennis Lehane RĂ©sumĂ© annĂ©es cinquante. Au large de Boston, sur un Ăźlot nommĂ© âShutter Islandâ se dresse un groupe de bĂątiments Ă lâallure sinistre. Câest un hĂŽpital psychiatrique dont les patients, tous gravement atteints, ont commis des meurtres. Lorsque le ferry assurant la liaison avec le continent aborde ce jour-lĂ , deux hommes en descendent le marshal Teddy Daniels et son coĂ©quipier Chuck Aule. Ils sont venus Ă la demande des autoritĂ©s de la prison-hĂŽpital car lâune des patientes, Rachel Solando, manque Ă lâappel. Comment a-t-elle pu sortir dâune cellule fermĂ©e Ă clĂ© de lâextĂ©rieur? Le seul indice retrouvĂ© dans la piĂšce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Ćuvre incohĂ©rente dâune malade ou cryptogramme? Au fur et Ă mesure que le temps passe, les deux policiers sâenfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant, jusquâau choc final de la Sous les Ă©toiles silencieuses â Laura McVeigh RĂ©sumĂ© il y a certains voyages quâon nâaimerait jamais avoir Ă faire. Et que lâon fait pourtant sâils offrent le seul moyen de survivre. ĂtĂ© 1990. Afsana, 15 ans, se trouve Ă bord du TranssibĂ©rien vers la Russie. Elle vient de loin. De trĂšs loin. Sa ville, Kaboul, lâendroit oĂč elle se sentait jadis chez elle, a Ă©tĂ© ravagĂ©e par la guerre civile, suite Ă lâarrivĂ©e des talibans. Depuis, Afsana et les siens sont en fuite, parcourant le pays dâun bout Ă lâautre, en perpĂ©tuelle recherche dâun lieu oĂč enfin trouver la paix. Cet ultime trajet en train est lâoccasion de se remĂ©morer les Ă©vĂ©nements qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le dĂ©part, mais aussi toutes les Ă©tapes de cette longue fuite en famille. Afsana se souvient de la belle maison au cĆur de la ville et de lâarbre de JudĂ©e dans le jardin, de lâamour de ses parents, de leur foi en lâavenir. Du bonheur dâĂȘtre unis. Mais aussi de lâhorreur qui sâimmisce progressivement dans le quotidien et qui finit par les contraindre Ă partir. Avec, au bout du voyage, une unique question comment recommencer lorsque tout a Ă©tĂ© perdu?16 NymphĂ©as noirs â Michel Bussi RĂ©sumĂ© du haut de son moulin, une vieille dame veille, surveille. Le quotidien du village, les cars de touristes⊠Des silhouettes et des vies. Deux femmes, en particulier, se dĂ©tachent lâune, les yeux couleur nymphĂ©a, rĂȘve dâamour et dâĂ©vasion ; lâautre, onze ans, ne vit dĂ©jĂ que pour la peinture. Deux femmes qui vont se trouver au cĆur dâun tourbillon orageux. Car dans le village de Monet, oĂč chacun est une Ă©nigme, oĂč chaque Ăąme a son secret, des drames vont venir diluer les illusions et raviver les blessures du passĂ©âŠ17 Une femme â Anne DelbĂ©e RĂ©sumĂ© câest grĂące Ă ce livre, enfin rééditĂ©, que nous a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e la vie extraordinaire de Camille Claudel. SĆur aĂźnĂ©e de lâĂ©crivain Paul Claudel, Camille a connu en tant que femme et quâartiste un destin hors du la fin du siĂšcle dernier, une jeune fille de dix-sept ans qui veut ĂȘtre sculpteur, câest inconcevable, voire scandaleux. Or, Camille se lance dans lâaventure Ă corps perdu. Jusquâau jour de 1883 oĂč elle rencontre Auguste Rodin. Le MaĂźtre accepte de la prendre comme Ă©lĂšve ; bientĂŽt il deviendra son amant. Suivent quinze annĂ©es dâune liaison passionnĂ©e et orageuse dâoĂč Camille sortira Ă©puisĂ©e, vaincue⊠Elle mourra en 1943 Ă lâasile de Montdevergues, aprĂšs un terrible internement qui aura durĂ© trente ans, laissant au jugement de la postĂ©ritĂ© une Ćuvre considĂ©rable, dâune rare puissance et dâune originalitĂ© La vĂ©ritĂ© sur lâaffaire Harry Quebert â JoĂ«l Dicker RĂ©sumĂ© Ă New York, au printemps 2008, lorsque lâAmĂ©rique bruisse des prĂ©mices de lâĂ©lection prĂ©sidentielle, Marcus Goldman, jeune Ă©crivain Ă succĂšs, est dans la tourmente il est incapable dâĂ©crire le nouveau roman quâil doit remettre Ă son Ă©diteur dâici quelques dĂ©lai est prĂšs dâexpirer quand soudain tout bascule pour lui son ami et ancien professeur dâuniversitĂ©, Harry Quebert, lâun des Ă©crivains les plus respectĂ©s du pays, est rattrapĂ© par son passĂ© et se retrouve accusĂ© dâavoir assassinĂ©, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une de lâinnocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquĂȘte. Il est rapidement dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements lâenquĂȘte sâenfonce et il fait lâobjet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carriĂšre dâĂ©crivain, il doit absolument rĂ©pondre Ă trois questions âQui a tuĂ© Nola Kellergan? Que sâest-il passĂ© dans le New Hampshire Ă lâĂ©tĂ© 1975? Et comment Ă©crit-on un roman Ă succĂšs?â19 Le Joueur dâĂ©checs â Stefan Zweig RĂ©sumĂ© le grand maĂźtre des Ă©checs Czentovic a embarquĂ© Ă bord dâun imposant paquebot pour une traversĂ©e entre New York et Buenos Aires. Le narrateur, joueur dâĂ©checs Ă ses heures perdues, ne cache pas sa curiositĂ© envers lâhomme, que lâon prĂ©tend aussi inculte quâil est douĂ© dans sa discipline. Il convainc alors un autre passager, McConnor, de dĂ©fier Czentovic aux Ă©checs⊠Lors du match, un alliĂ© inattendu va les aider Ă mettre en difficultĂ© le champion⊠Mais qui est donc cet homme, M. B., capable de tenir tĂȘte Ă Czentovic?20 LâĂ©lĂ©gance du hĂ©risson â Muriel Barbery RĂ©sumĂ© âJe mâappelle RenĂ©e, jâai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, jâai des oignons aux pieds et, Ă en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme Ă lâimage que lâon se fait des concierges quâil ne viendrait Ă lâidĂ©e de personne que je suis plus lettrĂ©e que tous ces riches mâappelle Paloma, jâai douze ans, jâhabite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis trĂšs longtemps, je sais que la destination finale, câest le bocal Ă poissons, la vacuitĂ© et lâineptie de lâexistence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis trĂšs intelligente. Exceptionnellement intelligente, mĂȘme. Câest pour ça que jâai pris ma dĂ©cision Ă la fin de cette annĂ©e scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.â
HeureuxĂ©vĂ©nements ; inavouable tentation, quand l'amour sonne Ă la porte, au nom de son fils. Heureux Ă©vĂ©nements ; inavouable tentation, quand l'amour sonne Ă la porte, au nom de son fils . Fiche; Autres Ă©ditions(1) 0 note . Karen Rose Smith. Date de parution : 01/02/2020; Editeur : Harlequin ; EAN : 9782280433297; SĂ©rie : (-) Support : Poche ; NombreLesfans de District 31 croient savoir la vĂ©ritĂ© sur lâamoureuse de Bruno. Depuis quelques mois dĂ©jĂ , le personnage de Bruno GagnĂ© dans District 31 et plus heureux que jamais. Celui-ci a fait la rencontre dâune femme du nom de Laurie, alors quâil rencontrait des femmes ayant envoyĂ© des messages Ă Yannick Dubeau en prison. Les journalistes parlent au nom de la France, les journalistes parlent au nom des Français en permanence ; regardez la tĂ©lĂ©vision, ils prennent toujours Ă partie les Français en disant les Français pensent que On parle de nous Ă coups de sondages en permanence, on est sondĂ©s en permanence, on sait que les sondages sont faux, et toute lâargumentation des
Aunom de la vérité: Machination amoureuse. Where to watch. Show not available in country. SYNOPSIS. RECOMMENDATIONS. First Knight (1995) Today. Ghost director Jerry Zucker focuses on another doomed romance in this retelling of the spiciest of Arthurian myths. If Kevin Costner can play Robin Hood with an The Italian Job (2003) Today. A gang of robbers, leadManipulationsamoureuses: With Floriane Andersen. Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. What's on TV & Streaming Top 250 TV Shows Most Popular TV Shows Browse TV Shows by Home/ Series / Au nom de la vérité / Aired Order / Season 1 / Episode 43 Machination amoureuse Machination amoureuse français. Runtime 25 minutes Network TF1; Created
Au nom de la vérité" Manipulations amoureuses (TV Episode 2013) Movies, TV, Celebs, and more Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. What's on TV & Streaming Top 250 TV Showsbjr5Q2.