LeComte de Monte Cristo – SĂ©rie – SensCritique Synopsis : Alors qu'il allait se fiancer avec Mercedes Herera, Edmond Dantes est arrĂȘtĂ© pour Edmond DantĂšs va bientĂŽt ĂȘtre capitaine et Ă©pouser la belle Mercedes “The Count of Monte Cristo” (Le Comte de Monte-Cristo, 1844) is an adventure novel by French author Alexandre Dumas (pĂšre) Edmond DantĂšs va bientĂŽt ĂȘtre
SYNOPSIS Histoires secrÚtes, accidents de la vie, moments qui dérapent... Focus sur les héros du quotidien en prise avec une décision capitale, grùce au jeu de comédiens qui sont plongés dans des situations inspirées...

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Sommaire Nous utiliserons l’édition bilingue Folio théùtre n° 70 traduction d’Yves Bonnefoy. Etudes synthĂ©tiques Textes expliquĂ©s Bibliographie Comparaison d’Othello avec ZaĂŻre, de Voltaire Études synthĂ©tiques Le contexte historique Les forces du mal dans Othello Les comparses dans Othello Les personnages fĂ©minins dans Othello DesdĂ©mone Emilia et Bianca La figure du More dans Othello Racisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello La jalousie dans Othello Le contexte historique On relĂšve peu de noms propres, peu de dĂ©tails prĂ©cis permettant de situer prĂ©cisĂ©ment l’action d’Othello ; cependant, nous savons que Shakespeare s’est beaucoup inspirĂ© de la bataille de LĂ©pante, celle-lĂ  mĂȘme oĂč CervantĂšs perdit son bras gauche. La bataille de LĂ©pante ? La bataille de LĂ©pante, 1571 Cette cĂ©lĂšbre bataille eut lieu le 7 octobre 1571 ; elle opposait la flotte turque, composĂ©e de 210 galĂšres et de 63 navires plus petits, Ă  une flotte chrĂ©tienne formĂ© de 202 galĂšres et 6 galĂ©asses, vĂ©nitiennes, espagnoles, gĂ©noises, pontificales et savoyardes. La France n’y participait pas. Elle faisait suite Ă  la prise de Chypre par les Turcs en 1570, qui avait fait plus de 20 000 morts Ă  Nicosie. Le choc a lieu dans le golfe de Patras, devant LĂ©pante aujourd’hui Naupactos ; contre toute attente, la flotte turque est vaincue, et presque toutes leurs galĂšres sont prises ou coulĂ©es. Cette victoire eut un retentissement considĂ©rable en Europe ; beaucoup moins cependant du cĂŽtĂ© de l’Empire Ottoman, qui reconstitua sa flotte en moins d’un an. Chypre fut finalement cĂ©dĂ©e par Venise aux Ottomans. Mais s’agit-il bien de LĂ©pante, dans Othello ? On remarquera qu’il n’est jamais question d’une bataille navale ; mais d’une tempĂȘte qui a anĂ©anti la flotte turque. Une escadre ottomane avait pĂ©ri dans une tempĂȘte lors du siĂšge de Famagouste en 1570, mais cela n’avait pas empĂȘchĂ© la prise de la ville ! L’Histoire dans Othello Il n’est jamais question de LĂ©pante dans la piĂšce – pourtant, Ă  peine plus de 30 ans s’étaient Ă©coulĂ©s, et la mĂ©moire en restait vive. NĂ©anmoins, le contexte de la piĂšce Ă©voque, au moins en partie, ce conflit. Nous apprenons p. 75 qu’Iago s’est illustrĂ© Ă  Rhodes et Ă  Chypre ; Tout le premier acte bruisse d’inquiĂ©tude, Ă  propos d’une flotte turque en route pour Rhodes, puis pour Chypre ; Shakespeare nous dĂ©crit de maniĂšre trĂšs vivante l’atmosphĂšre dans le palais des Doges, les rumeurs contradictoires, les entrĂ©es des messagers
 Finalement, tous les protagonistes sont envoyĂ©s Ă  Chypre. Cette atmosphĂšre guerriĂšre donne Ă©videmment un caractĂšre dramatique au contexte, et permet un tableau d’histoire » trĂšs animĂ© ; et pourtant, le drame fait s’essouffle bien vite DĂšs la premiĂšre scĂšne de l’acte II, nous apprenons que les Turcs sont en difficultĂ© Une terrible tempĂȘte a si bien estourbi les Turcs que leurs projets en boitent. » p. 149 Puis Othello, sitĂŽt arrivĂ©, confirme Des nouvelles, mes bons amis ! Nos guerres sont terminĂ©es Les Turcs sont par le fond » Enfin, l’annonce officielle sera fait par un hĂ©raut, dans la scĂšne II. Le contexte guerrier n’aura donc eu pour seule consĂ©quence que d’enfermer les protagonistes loin de Venise, dans une citadelle, en une sorte de huis clos. Il donne Ă  la piĂšce une connotation dramatique, et actuelle. Les forces du mal dans Othello Comme dans toutes les tragĂ©dies, les hĂ©ros, ici Othello et DesdĂ©mone, vont ĂȘtre aux prises avec des forces agissant contre eux, forces puissantes et capables de les perdre. Dans le schĂ©ma actanciel classique, on parlera d’opposants. Parmi ceux-ci un se dĂ©tache du lot, Ă  tel point que l’on pourrait presque lui donner le rĂŽle titre ; il s’agit d’Iago. Qui est Iago ? Son identitĂ© est prĂ©sentĂ©e, par lui-mĂȘme, dĂšs la premiĂšre scĂšne c’est un jeune officier d’environ 28 ans, qui s’est illustrĂ© sur plusieurs champs de bataille cf. p. 75, et estime donc que la charge de lieutenant lui revient de droit – ce qui ferait de lui le plus proche compagnon d’Othello ! Et cette reconnaissance lui importait tellement qu’il a littĂ©ralement fait campagne » pour l’obtenir, au point d’envoyer trois notables de la ville plaider sa cause auprĂšs d’Othello
 Le refus de celui-ci, et le choix de faire de lui un simple porte-enseigne – au fond, un domestique – le met hors de lui, car il le renvoie au nĂ©ant, Ă  sa propre nĂ©gativitĂ©. je suis celui qui toujours nie
 » Iago ressemble par bien des traits Ă  MĂ©phistophĂ©lĂšs, le Diable de Faust – or on sait que la piĂšce de Marlowe portant ce titre, et créée en 1592, Ă©tait en cours de publication en 1604, l’annĂ©e mĂȘme d’Othello... Iago se caractĂ©rise par une dĂ©testation universelle de tout, et de tous ; rien de positif ne trouve grĂące Ă  ses yeux la vaillance militaire celle d’Othello n’est qu’un ramassis de rĂ©cits mensongers, et n’existe donc pas – il est le seul Ă  penser cela ; mĂȘme les pires adversaires d’Othello le respectent, y compris Brabantio ; celle de Cassio est inexistante Ă  ses yeux. Et de toutes maniĂšres, la vaillance ne sert Ă  rien, n’est pas reconnue p. 77 Les femmes et l’amour Iago est un terrible misogyne, enfermĂ© dans une vision caricaturale des femmes ; elles ne seraient, Ă  ses yeux, que des furies obsĂ©dĂ©es par le sexe. Sa propre femme, Emilia, il la hait et s’en mĂ©fie, cherchant Ă  la rĂ©duire au silence ; DesdĂ©mone serrant courtoisement la main de Cassio ne peut ĂȘtre qu’une dĂ©bauchĂ©e prĂȘte Ă  tromper son mari
 Voir p. ex. p. 161. Quant Ă  l’amour, il n’existe tout simplement pas. Ce n’est qu’un prurit du sang avec la permission de la volontĂ© » p. 139. Seul compte le dĂ©sir sexuel – qui n’est Ă  ses yeux que stupre et horreur ; et cette horreur se rĂ©pand partout il soupçonne Othello d’avoir sĂ©duit Emilia ! Iago est un ĂȘtre nĂ©vrosĂ© qui a manifestement un sĂ©rieux problĂšme avec sa propre sexualitĂ© ! Les valeurs morales ne sont que des illusions destinĂ©es Ă  tromper les naĂŻfs et les imbĂ©ciles qui y croient Iago se revendique traĂźtre et voleur ! Iago est donc la nĂ©gativitĂ© mĂȘme, comme MĂ©phisto Je suis l’esprit qui toujours nie, Et ce, Ă  bon droit car tout ce qui prend naissance mĂ©rite d’ĂȘtre dĂ©truit ; Mieux vaudrait dĂšs lors que rien ne naquĂźt. Ainsi donc tout ce que vous nommez pĂ©chĂ©, destruction, bref, le mal, est mon Ă©lĂ©ment propre. » Cette nĂ©gativitĂ© universelle a Ă©videmment pour corollaire une vie elle aussi nĂ©gative et vide. Iago n’aime personne – et lorsqu’il donne des conseils, c’est toujours pour servir ses propres fins. Il ne s’aime pas lui-mĂȘme, et il finira d’ailleurs isolĂ©, haĂŻ de tous, et vouĂ© aux pires supplices. Une nĂ©gativitĂ© agissante Iago ne se contente pas de ressasser ses haines et ses ressentiments ; il agit, en permanence, manipule les uns contre les autres, ne vit que d’intrigues et de coups tordus
 et il parle ! C’est un personnage omni-prĂ©sent Acte I scĂšne 1, c’est lui qui rĂ©veille Brabantio et lui apprend la fuite de sa fille, prĂ©tendument enlevĂ©e par Othello. scĂšne 2, nous le voyons tenter de monter Othello contre Roderigo dont il s’affirmait l’ami dans la scĂšne prĂ©cĂ©dente. scĂšne 3, il manipule Roderigo en promettant de l’aider Ă  conquĂ©rir DesdĂ©mone
 Acte II scĂšne 1, il arrive avec DesdĂ©mone, Cassio et Roderigo Ă  Chypre ; il se lance dans une joute verbale avec DesdĂ©mone, dans laquelle il rĂ©vĂšle toute sa petitesse de caractĂšre ; la scĂšne s’achĂšve avec le texte 2, oĂč nous le voyons commencer Ă  mettre en place sa stratĂ©gie. scĂšne 3, il pousse Cassio Ă  boire, alors que celui-ci supporte mal l’alcool ; et bien sĂ»r celui-ci sombre bien vite dans l’ivresse – et Iago en profite pour suggĂ©rer Ă  Montano, le gouverneur de Chypre, qu’il est un ivrogne invĂ©tĂ©rĂ©. Roderigo, conformĂ©ment au plan, provoque Cassio, qui ne tarde pas Ă  blesser Montano qui s’interposait. Cassio est alors relevĂ© de sa lieutenance par Othello. Et Iago lui suggĂšre de passer par DesdĂ©mone pour flĂ©chir son mari
 À ce point, la plupart des fils de l’intrigue sont tendus. Et Ă  chaque instant, on trouve Iago Ă  la manƓuvre. Acte III scĂšne 3 Cassio a obtenu une entrevue avec DesdĂ©mone, et Iago, qui a menĂ© Othello Ă  un endroit oĂč il pouvait les voir, suscite sans en avoir l’air les soupçons d’Othello. Et quand DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio, il instille habilement le poison du doute – si habilement qu’il dit la pure vĂ©ritĂ© sans qu’elle puisse ĂȘtre comprise, en deux beaux exemples d’ironie tragique c’est le flĂ©au de ma nature que d’épier les faux-pas des autres ; par suspicion j’imagine des fautes inexistantes » p. 253 ; Gardez-vous de la jalousie ! De ce monstre aux yeux verts qui nargue la proie mĂȘme qu’il dĂ©vore
 » p. 255 A la fin de la scĂšne, DesdĂ©mone a laissĂ© tomber le mouchoir offert par Othello ; Emilia l’a ramassĂ©, et donnĂ©, sans penser Ă  mal, Ă  Iago. Et lorsque Othello rĂ©apparaĂźt torturĂ© par la jalousie, il l’attise en suggĂ©rant une liaison entre DesdĂ©mone et Cassio. scĂšne 4 DesdĂ©mone vient plaider la cause de Cassio devant Othello ; celui-ci lui rĂ©clame le mouchoir – qu’elle ne peut Ă©videmment lui donner. Acte IV ScĂšne 1 Iago s’arrange pour faire parler de Bianca Ă  Cassio, et pour faire croire Ă  Othello, qui Ă©coute, qu’il s’agit de DesdĂ©mone. Et Bianca entre Ă  ce moment rendre le mouchoir Ă  Cassio. Othello finit par se laisser convaincre du double meurtre de DesdĂ©mone et de Cassio il tuera DesdĂ©mone, et Iago se chargera de Cassio. ScĂšne 2 Othello Ă©tant sur le point d’ĂȘtre rappelĂ© Ă  Venise, et Cassio d’ĂȘtre nommĂ© Ă  sa place, Iago suggĂšre Ă  Roderigo d’assassiner Cassio, afin d’en faire accuser le More. Acte V scĂšne 1 Iago a fait en sorte que Cassio et Roderigo s’entretuent ; mais Cassio blesse Roderigo, et Iago Cassio. Pour Ă©viter qu’il ne parle, Iago exĂ©cute Roderigo, et accuse Bianca de la tentative de meurtre sur Cassio. scĂšne 2 Othello tue DesdĂ©mone ; mais tout se rĂ©vĂšle bientĂŽt et Iago est arrĂȘtĂ©. Il se mure alors dans le silence. Iago est donc prĂ©sent dans chaque acte, et Ă  tous les moments cruciaux de l’intrigue. Il est Ă  l’origine de chaque scĂšne violente, de chaque meurtre. La crĂ©dulitĂ© incroyable des autres Iago est transparent pour le spectateur il Ă©nonce toujours clairement son Ă©tat d’esprit, ses haines, ses projets – et le fait, le plus souvent, en prĂ©sence mĂȘme de ses victimes et en s’adressant Ă  elles. Et pourtant, tout le monde s’accorde pour cĂ©lĂ©brer son honnĂȘtetĂ© », sa loyautĂ© ». C’est mĂȘme un leit-motiv de la piĂšce ! Iago est donc particuliĂšrement habile Ă  repĂ©rer et exploiter les failles de tous ceux qu’il rencontre le caractĂšre colĂ©rique et emportĂ© d’Othello, l’orgueil chatouilleux de Cassio Ă  propos de ses qualitĂ©s militaires, et sa faiblesse face Ă  la boisson, son mĂ©pris des femmes aussi voir son attitude Ă  l’égard de Bianca, la bĂȘtise de Roderigo
 Il ne doit son pouvoir qu’à la faiblesse et Ă  l’aveuglement d’autrui. Othello p. 135 Roderigo fait toute confiance Ă  Iago
 qui n’hĂ©sitera pas Ă  le tuer ; Montano
 Emilia donne sans mĂ©fiance le mouchoir Ă  Iago ; DesdĂ©mone elle-mĂȘme le mĂ©prise, mais ne s’en mĂ©fie pas. Quand cesse cet aveuglement, il est rĂ©duit au silence et Ă  l’impuissance. Un homme qui hait l’amour, la vie, le plaisir, les femmes, qui est prĂȘt Ă  tout pour assurer son pouvoir, un homme tout de noirceur qui passe pour honnĂȘte
 Iago a tout d’un puritain, ces adversaires du théùtre ! Et la crĂ©dulitĂ© est celle du public
 Othello serait-il l’équivalent anglais de Tartuffe, un brĂ»lot contre le parti, ici puritain, lĂ , dĂ©vot mais ce sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes, et un avertissement devant leurs menĂ©es ? Les comparses dans Othello Othello est une piĂšce dans laquelle la scĂšne semble toujours pleine, oĂč les scĂšnes collectives, mettant en prĂ©sence de nombreux acteurs, abondent. Et de fait, les comparses, parfois simples figurants, parfois personnages secondaires rĂ©ellement impliquĂ©s dans l’action, sont nombreux. Les figurants Souvent anonymes, dotĂ©s parfois d’un rĂŽle mineur, on les retrouve Ă  divers moments clĂ©s des sĂ©nateurs, Ă  l’acte I, commentent avec effroi les nouvelles qui leur parviennent de Chypre, et lors du procĂšs » entre Brabantio et Othello, ils jouent un peu le rĂŽle du chƓur dans une tragĂ©die antique. Un clown, personnage grotesque qui apparaĂźt en III, 4, mais n’a qu’un rĂŽle mineur ; il sert d’intermĂ©diaire entre Cassio et DesdĂ©mone cf. III, 1 on trouve aussi un marin, un messager, un hĂ©raut, des officiers, des gentilshommes, des musiciens et autres ». Toutes ces prĂ©sences donnent Ă  la piĂšce une allure vivante, prolifĂ©rante, comme la vie mĂȘme. Les comparses Brabantio Il est le pĂšre de DesdĂ©mone, et tout son rĂŽle consiste, en pĂšre autoritaire, Ă  tenter d’empĂȘcher le mariage de sa fille et d’Othello ; mais trĂšs vite, il constate son impuissance DesdĂ©mone est bel et bien mariĂ©e, le Doge et son conseil acceptent la situation
 il en est rĂ©duit aux rĂ©criminations, et disparaĂźt trĂšs vite. On apprendra par la suite V, 2 qu’il en est mort, sans que son dĂ©cĂšs paraisse Ă©mouvoir quiconque. Gratiano et Lodivico Ce sont le frĂšre et un parent de Brabantio ; ils n’ont guĂšre de rĂŽle actif. Le doge de Venise Lui aussi voit son rĂŽle confinĂ© Ă  l’acte I c’est lui qui reçoit la plainte de Brabantio, et qui envoie Othello Ă  Chypre. Montano ReprĂ©sentant du doge Ă  Chypre, il doit ĂȘtre remplacĂ© par Othello II, 1 mais n’en Ă©prouve aucune amertume. Il offre Ă  boire sans penser Ă  mal Ă  Cassio II, 3, puis se laisse convaincre que celui-ci est un dangereux ivrogne. Il sera peu aprĂšs blessĂ© par Cassio – ce qui vaut Ă  celui-ci un renvoi immĂ©diat. Bianca C’est une courtisane, sincĂšrement amoureuse de Cassio, dont elle est la maĂźtresse, mais mĂ©prisĂ©e par lui – les propos de Cassio sur Bianca seront pris par Othello pour des injures adressĂ©es Ă  DesdĂ©mone ; accusĂ©e par Iago de la tentative de meurtre sur Cassio, elle Ă©chappera de peu Ă  une injuste condamnation. Les personnages secondaires actifs Eux ont un vrai rĂŽle dans l’intrigue, mĂȘme s’ils sont manipulĂ©s. Cassio Il est le plus important de tous C’est Ă  cause de lui que Iago se dĂ©chaĂźne contre Othello il a Ă©tĂ© nommĂ© lieutenant Ă  sa place ; Iago s’arrange pour le faire boire, et pour qu’il soit destituĂ© ainsi il demandera l’intercession de DesdĂ©mone auprĂšs d’Othello ; C’est chez lui que Iago dĂ©posera le mouchoir de DesdĂ©mone ; Ses propos mĂ©prisants Ă  l’égard de Bianca seront pris pour des injures Ă  DesdĂ©mone ; Il sera blessĂ© par Iago – qui accusera Bianca de ce crime. Roderigo Ce gentilhomme vĂ©nitien apparaĂźt d’abord comme le complice de Iago comme lui il en veut Ă  Othello mais pour une rivalitĂ© amoureuse, et il sera l’auxiliaire agissant de Iago I, 1 et II, 1. Il ira jusqu’à tenter d’assassiner Cassio pour faire accuser Othello du meurtre, mais sera lui-mĂȘme assassinĂ© par Iago V, 1. Emilia L’épouse d’Iago est aussi l’amie et la confidente de DesdĂ©mone. MĂ©prisĂ©e de son mari, elle ignore ses projets, et participe plus ou moins Ă  ses prĂ©jugĂ©s elle traite Bianca de roulure » ; c’est elle qui, sans le vouloir, cause la perte de sa maĂźtresse en donnant le mouchoir Ă  Iago. Mais ce sera elle aussi qui rĂ©vĂšlera, trop tard, Ă  Othello et Ă  l’ensemble des personnages les crimes de Iago – qui la tuera. On remarquera que de tous ces personnages, seuls Brabantio et Roderigo sont rĂ©ellement hostiles Ă  Othello ; tous en revanche apprĂ©cient et respectent DesdĂ©mone. Mais tous seront manipulĂ©s par Iago, et amenĂ©s Ă  dĂ©truire ce couple, plus ou moins volontairement. Les personnages fĂ©minins Othello est une piĂšce trĂšs masculine l’essentiel de l’action se joue entre des soldats, dans une citadelle menacĂ©e, puis rassurĂ©e ; Ă  Venise comme Ă  Chypre, les dĂ©cisions, les conflits ont lieu entre hommes ; les femmes sont souvent des victimes collatĂ©rales. Aussi est-ce Othello qui donne son titre Ă  la piĂšce, et non DesdĂ©mone celle-ci est un enjeu, un moyen d’atteindre le More ; Iago n’a rien contre elle, Roderigo n’en est que vaguement amoureux, Cassio ne voit en elle qu’un intermĂ©diaire qui lui permettra de flĂ©chir Othello
 Seul celui-ci, parce qu’il l’aime, voit en elle un personnage essentiel. Quant aux autres femmes, elles ne sont que deux – mais l’on verra que leur action est dĂ©cisive. DesdĂ©mone De la jeune fille libre et audacieuse
 Othello et DesdĂ©mone Ă  Venise – Théodore Chassériau DesdĂ©mone, Ă©voquĂ©e dĂšs les premiĂšres scĂšnes de l’acte I par les personnages, n’apparaĂźt elle-mĂȘme qu’à la scĂšne 3 ; elle nous est prĂ©sentĂ©e comme une toute jeune fille, qui, certes, vaque aux occupations de la maison sans se rĂ©volter apparemment contre les valeurs incarnĂ©es par son pĂšre celui-ci la croit bien sage !, mais semble attendre autre chose de l’existence. Entre un pĂšre inconsistant et une mĂšre, semble-t-il, absente, morte peut-ĂȘtre, elle s’ennuie ; et ce sont les rĂ©cits d’Othello qui l’éveillent Ă  elle-mĂȘme, au point de regretter que le Ciel n’eĂ»t point fait / d’elle un homme de cette sorte ». p. 123. Et de fait, elle affirme haut et fort son choix et sa volontĂ©, devant le Doge, les SĂ©nateurs, et son pĂšre, sans paraĂźtre le moins du monde intimidĂ©e ! ImmĂ©diatement, elle prend une dĂ©cision courageuse, celle de suivre Othello Ă  Chypre, bravant tous les dangers, Ă  commencer par la menace d’une dĂ©faite et de ses consĂ©quences prĂ©visibles elle est alors parfaitement cohĂ©rente avec elle-mĂȘme une jeune fille de caractĂšre, tentĂ©e par un mode de vie aventureux et dangereux, et s’engageant sans rĂ©serve pour l’homme qu’elle aime. Et c’est encore la mĂȘme jeune fille franche, directe, courageuse, qui affronte Iago dans la premiĂšre scĂšne de l’acte II, et le pousse dans ses retranchements, au point de mettre Ă  jour sa nature mĂ©diocre et mĂ©prisable paradoxes rebattus », Ă©paisse bĂȘtise », trĂšs grossier personnage, extrĂȘmement impudique »  p. 165-167 DesdĂ©mone est la seule, semble-t-il, Ă  juger Iago Ă  sa juste valeur. 
 Ă  l’enfant injustement punie La premiĂšre rupture intervient aprĂšs la perte du mouchoir III, 4 ; Ă  ce stade, DesdĂ©mone se montre encore ferme, refusant de cĂ©der Ă  Othello. Mais Ă  partir de l’acte IV, tout change scĂšne 1, Othello la gifle, l’insulte, et elle ne rĂ©agit pas. scĂšne 2, Othello la traite de putain, et cette fois elle semble accepter des accusations auxquelles elle ne comprend rien Il est juste que je sois traitĂ©e ainsi, tout Ă  fait juste, comment ai-je bien pu me comporter pour qu’il ait pu placer un tel opprobre sur mĂȘme la plus grave de mes fautes ? » p. 377 D’un caractĂšre qui semblait si bien trempĂ©, on attendrait de la rĂ©volte, de la colĂšre ; or elle se laisse briser sans vraiment se dĂ©fendre. scĂšne 3 Othello lui ordonne d’aller se coucher, en renvoyant Emilia ; on sent que DesdĂ©mone, qui Ă©voque Ă  ce moment le souvenir d’une autre servante, Barbara, abandonnĂ©e et qui en est morte, chante sa chanson ; on devine qu’elle pressent son sort imminent. Elle continue de rĂ©affirmer sa fidĂ©litĂ© Ă  Othello – devant Emilia, comme elle l’a fait devant Iago, c’est-Ă -dire en pure perte l’une ne pourrait, l’autre ne voudrait convaincre Othello. Enfin, lors de la derniĂšre scĂšne, elle tente une derniĂšre fois de dire la vĂ©ritĂ©, mais Othello est hors d’état de l’entendre – et elle ne peut que le supplier en vain. Comment comprendre ce changement radical, cette apparente soumission, cette acceptation de l’inacceptable ? DesdĂ©mone est victime d’une terrible solitude dĂšs le premier acte, on devine que son existence auprĂšs de son pĂšre est un dĂ©sert. La rencontre avec Othello a Ă©tĂ© pour elle un don total Ă  aucun moment elle ne renie cet amour, mĂȘme quand Othello lui fait subir des avanies aussi brutales qu’inexplicables, et l’accuse de fautes imaginaires. Or, si elle se refuse Ă  considĂ©rer Othello comme faillible, elle n’a d’autre choix que d’accepter son jugement. Cette acceptation n’est donc que le rĂ©sultat d’un amour absolu – qui ira jusqu’à s’accuser elle-mĂȘme de son propre meurtre. Et la souffrance, la solitude, l’abandon qu’elle a dĂ» Ă©prouver l’ont fait rĂ©gresser Ă  ce tout petit enfant » qu’elle redevient quand on la gronde l’ĂȘtre Ă  la fois le plus pur, mais aussi le plus vulnĂ©rable et sans dĂ©fense. Avec Othello, elle avait toutes les audaces ; sans lui, elle est brisĂ©e. Bianca Bianca a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. Bien qu’elle soit une courtisane, Bianca est assez proche de DesdĂ©mone, en ce sens qu’elle aussi est victime de l’amour, d’un amour asymĂ©trique elle aime profondĂ©ment Cassio, au point d’ĂȘtre abattue, atterrĂ©e par sa mort supposĂ©e ; mais lui ne l’aime pas. Elle est intermĂ©diaire entre DesdĂ©mone et Emilia comme la premiĂšre, victime des machinations d’Iago, elle subit son sort – et peut s’en faut, Ă  l’acte V, qu’elle soit accusĂ©e d’un meurtre qu’elle n’a pas commis ; elle aussi sera victime des apparences de mĂȘme qu’Iago a exploitĂ© la courtoisie de DesdĂ©mone pour laisser croire Ă  sa culpabilitĂ©, de mĂȘme, il exploitera son trouble devant Cassio blessĂ© pour l’accuser. Comme DesdĂ©mone aussi, elle aime sans restriction, et son amour n’est pas payĂ© de retour. Cassio en effet se moque d’elle, et la mĂ©prise ouvertement. Mais comme la seconde, elle est un instrument du mal sans le vouloir Cassio lui confie le fameux mouchoir pour qu’elle le fasse copier, et c’est en le rapportant Ă  celui-ci qu’elle sera vue d’Othello. Cependant, prĂ©sente dans seulement 3 scĂšnes, elle reste un personnage trĂšs secondaire. Emilia Emilia a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©e parmi les comparses voir ici. L’épouse – mĂ©prisĂ©e, parfois maltraitĂ©e d’Iago – semble suivre le chemin inverse de celui de DesdĂ©mone. D’abord peu prĂ©sente une scĂšne Ă  l’acte II, elle est de plus en plus prĂ©sente. Contrairement Ă  DesdĂ©mone et Ă  Bianca, elle n’est en rien une victime. Son rĂŽle est dĂ©terminant c’est elle qui, sans penser Ă  mal, donne le mouchoir de DesdĂ©mone Ă  Iago. À ce moment, elle obĂ©it encore aveuglĂ©ment Ă  son mari ; elle ira d’ailleurs jusqu’à insulter Bianca p. 429. Mais Ă  mesure que la piĂšce avance, elle prend de plus en plus de caractĂšre, notamment lors de la scĂšne oĂč elle dĂ©shabille DesdĂ©mone, tout en essayant de la distraire de ses funestes pensĂ©es en plaisantant elle se montre joyeusement cynique, affirmant qu’elle-mĂȘme pourrait tromper son mari pour tout l’or du monde » ; elle pousse mĂȘme DesdĂ©mone Ă  une saine rĂ©volte contre les caprices masculins p. 405. Et finalement, c’est elle qui, la premiĂšre, comprend l’origine du drame et dĂ©nonce les manoeuvres d’Iago. Elle montre alors son courage et sa dĂ©termination, d’abord en affrontant un Othello encore armĂ© et fou de rage, puis un Iago dĂ©cidĂ© Ă  la faire taire Ă  tout prix ; elle y laissera sa vie. La dĂ©termination et le courage d’Emilia, qui ose affronter son mari et dĂ©noncer toute la machination semble compenser la faiblesse et la rĂ©signation de DesdĂ©mone elle meurt en hĂ©roĂŻne. Conclusion des relations hommes-femmes extrĂȘmement violentes. On peut avoir l’impression, dans cette piĂšce comme dans bien d’autres de Shakespeare d’une vĂ©ritable guerre des sexes ». À l’égard des femmes, les hommes exigent une obĂ©issance et une fidĂ©litĂ© absolues, qu’ils sont loin de pratiquer eux-mĂȘmes ; ils ignorent dĂ©libĂ©rĂ©ment les dĂ©sirs, la personne mĂȘme de la femme qu’ils prĂ©tendent aimer, comme le rappelle Emilia p. 405 
 c’est la faute des maris si leurs femmes les trompent. Pensez Ă  ceux qui nĂ©gligent ce qu’ils nous doivent et versent notre bien dans le sein d’une autre, ou qui ont des accĂšs de jalousie mesquine et nous accablent de chaĂźnes ou mĂȘme qui nous frappent ou par dĂ©pit rĂ©duisent notre train !
 Eh bien nous aussi avons nos humeurs, et, bien que gentilles, nous saurons prendre des revanches. Que les maris apprennent que leur femme a des sens tout aussi bien qu’eux. » Et cette violence s’exprime avec une vigueur tout Ă  fait impossible dans le théùtre classique, sans la moindre censure ainsi Othello peut-il insulter sa femme avec les mots les plus orduriers, la frapper devant son cousin, et finalement la tuer sous nos yeux ! Dans la piĂšce, ni Emilia, ni Bianca, ni DesdĂ©mone ne sont coupables de quoi que ce soit ; en revanche, les hommes se montrent menteurs, brutaux, insultants, et finalement meurtriers ils sont incapables d’aimer. La figure du More dans Othello Introduction Qu’est-ce qu’un More, ou Maure ? On donne d’abord ce nom principalement aux Sarrasins qui soumirent l’Espagne ; par la suite, on dĂ©signe ainsi les habitants d’Afrique du Nord, soumises aux Turcs. Et, par extension, le mot en vient Ă  dĂ©signer Ă©galement des Noirs. Qui est Othello ? Il se dĂ©crit lui-mĂȘme comme Noir » il fait probablement partie de ces Africains vendus comme esclaves aux Mores, puis devenu citoyen vĂ©nitien Ă  la suite d’on ne sait quelles pĂ©rĂ©grinations. Il est parfaitement intĂ©grĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© vĂ©nitienne nul ne met en doute ni sa langue – il est mĂȘme passĂ© maĂźtre en matiĂšre de rĂ©cits – ni sa valeur militaire, ni sa religion il en est d’ailleurs fort peu question dans la piĂšce, ni sa citoyennetĂ©. Seule sa couleur de peau signale encore son caractĂšre Ă©tranger. Un personnage omniprĂ©sent et agissant ExceptĂ© deux courtes scĂšnes II, 2 et III, 1, Othello est constamment prĂ©sent, sinon en personne comme dans la plupart des scĂšnes, du moins dans l’esprit des personnages I, 1. GĂ©nĂ©ral, aventurier dĂ©jĂ  d’ñge mĂ»r, mais toujours en quĂȘte d’action, il est au centre de toutes les intrigues C’est lui qui dĂ©clenche l’ire d’Iago, en nommant Cassio lieutenant, et la jalousie de Roderigo en Ă©pousant DesdĂ©mone ; C’est lui qui sĂ©duit DesdĂ©mone par ses rĂ©cits, et aussitĂŽt l’épouse ; C’est tout naturellement que l’on fait appel Ă  lui quand le danger approche il est nommĂ© gouverneur de Chypre au moment oĂč les Ottomans menacent la citadelle, et il part aussitĂŽt avec une flotte ; SitĂŽt nommĂ© gouverneur, il fait rĂ©gner l’ordre, et destitue Cassio qui a commis une faute ; ManipulĂ© par Iago, il sombre dans la jalousie, mais non dans l’inaction il frappe DesdĂ©mone, l’insulte lors de la scĂšne du bordel », et dĂ©cide froidement d’éliminer Cassio et d’assassiner DesdĂ©mone – un dessein aussitĂŽt mis en Ɠuvre. SitĂŽt la vĂ©ritĂ© apprise, il tente de tuer Iago, puis se suicide. C’est donc un personnage constamment en mouvement, et qui ne nous laisse rien ignorer de ses changements d’humeur, de ses tourments
 Mais est-il pour autant une figure barbare ? Le More, une figure ambivalente Certes les ennemis d’Othello voient en lui une figure repoussante. Roderigo parle avec mĂ©pris de ce lippu » p. 79, de la puante Ă©treinte d’un More des plus lubriques » p. 87, d’un Ă©tranger, un aventurier, un vagabond, ni d’ici ni de nulle part » ibid. ; Iago le dĂ©crit comme un vieux bĂ©lier, la nuit tĂ©nĂ©breuse en personne » p. 81, et plus loin comme un Ă©talon de la Barbarie » p. 85, un vagabond de la cĂŽte barbaresque » p. 141 ; Brabantio Ă©voque, en parlant de sa fille, de ce qu’elle avait peur de simplement regarder », et le voit sous les traits d’un sorcier
 Mais il faut noter que ces trois personnages sont les seuls Ă  exprimer des sentiments racistes Ă  l’égard d’Othello. Et leur parole est dĂšs lors dĂ©valorisĂ©e. Pour tous les autres un honnĂȘte homme et un hĂ©ros. Ce qui frappe au contraire, c’est l’unanimitĂ© qui entoure Othello. On peut dĂ©plorer son emportement comme Lodovico quand il le voit frapper DesdĂ©mone, ou Emilia, mais cela n’enlĂšve rien Ă  l’estime gĂ©nĂ©rale. MĂȘme Iago est obligĂ© d’admettre qu’Othello est un homme de bien Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, il croit les gens honnĂȘtes pour peu qu’ils le paraissent » p. 145. Mieux encore, Ă  aucun moment son hĂ©roĂŻsme et sa loyautĂ© au service de Venise ne sont mises en cause nul ne le soupçonne d’une quelconque sympathie envers les Ottomans. Si bien qu’au dĂ©nouement, lorsque l’on dĂ©couvre avec horreur le meurtre de DesdĂ©mone, chez les assistants c’est plutĂŽt la pitiĂ© qui domine OĂč est ce forcenĂ©, cet homme si malheureux ? » demande Lodovico. Aux yeux du spectateur, Othello est-il un barbare ? Othello fait partie des tragĂ©dies les plus sombres de Shakespeare, et le spectateur moderne peut ĂȘtre horrifiĂ© Ă  bon droit de la violence du personnage il frappe, il insulte DesdĂ©mone, il prĂ©mĂ©dite froidement l’assassinat de Cassio et l’exĂ©cution de DesdĂ©mone. Mais si cette violence est indĂ©niable, elle n’a rien Ă  voir avec une nature barbare » qui serait celle du seul Othello. Cette violence, en rĂ©alitĂ©, est partagĂ©e par l’ensemble de la sociĂ©tĂ© ! Cassio manque de tuer Roderigo, qui lui a manquĂ© de respect ; Roderigo accepte sans broncher la mission d’assassiner Cassio, avec ce commentaire Ce ne sera qu’un homme de moins. Un coup d’épĂ©e, il est mort » p. 411 Dans le combat qui s’ensuit, Roderigo et Cassio se blessent mutuellement, avec la volontĂ© de tuer. Mais le pire de tous est Ă©videmment Iago il fait en sorte que Cassio et Roderigo s’entretuent, et il achĂšve lui-mĂȘme Roderigo, pourtant son complice ; dĂ©masquĂ©, il poignarde Emilia
 sans compter qu’au passage, il fait accuser Bianca, qui serait probablement condamnĂ©e Ă  mort si la vĂ©ritĂ© n’avait pas Ă©claté  La violence et le sang n’ont donc absolument rien Ă  voir avec la nature » d’Othello, et personne d’ailleurs ne fait le rapprochement. Le dĂ©nouement certes est sanglant, mais comme le sont ceux d’Hamlet ou de Macbeth
 Racisme, sexisme et prĂ©jugĂ©s dans Othello L’époque Ă©lizabĂ©thaine, et plus particuliĂšrement le théùtre, ignore le politiquement correct » racisme et prĂ©jugĂ©s en tous genres s’y expriment librement, sans que cela suscite de rĂ©actions outragĂ©es. Ce qui rend un certain nombre de piĂšces injouables aujourd’hui
 Ainsi, Le Marchand de Venise met-il en scĂšne un personnage de juif particuliĂšrement glaçant ! Othello n’y Ă©chappe pas le protagoniste est un Noir cf. plus haut, et la victime une femme ; deux victimes privilĂ©giĂ©es des prĂ©jugĂ©s
 Racisme et xĂ©nophobie Un contexte favorable Ă  la xĂ©nophobie L’Angleterre est une Ăźle, elle a optĂ© pour la rĂ©forme anglicane en 1535, ce qui a ajoutĂ© un nouvel ennemi Ă  la longue liste de ceux qui menacent le pays. Celui-ci se sent cernĂ© par les papistes », et notamment les missions jĂ©suites qui cherchent Ă  dĂ©stabiliser le royaume – or l’Irlande, toute proche, est restĂ©e catholique ; par le reste de l’Europe, France, Espagne notamment que l’on pense Ă  l' »invincible armada » lancĂ©e par Philippe II d’Espagne en 1588, vaincue par la flotte anglaise ; et, bien au-delĂ  de ce second cercle, l’immensitĂ© du monde paĂŻen, que les grandes dĂ©couvertes » ont permis de mieux connaĂźtre. Les Anglais sont accablĂ©s par la pluralitĂ© des mƓurs et des religions ces gens-lĂ , les plus Ă©loignĂ©s, juifs, musulmans et paĂŻens, il y a bien peu de chances de les convertir
 Ajoutons le fait que l’Angleterre du 16Ăšme siĂšcle souffre d’un retard technique chronique elle doit faire appel Ă  de nombreux Ă©trangers pour qu’ils importent des techniques et en tirent bĂ©nĂ©fice ceux-ci seront souvent accusĂ©s de crĂ©er la disette ! De nombreuses Ă©meutes anti-Ă©trangers vont Ă©clater, tout au long du siĂšcle. Or l’ennemi est Ă  la porte mĂȘme de l’Angleterre, comme le montre l’affaire Calvin ». Le roi Jacques Ier avait rattachĂ© l’Ecosse au royaume d’Angleterre, suscitant dans le pays une vague de chauvinisme et de haine – l’Ecossais Ă©tant considĂ©rĂ© comme un barbare. La question Ă©tait venue en 1607 au tribunal un enfant nĂ© en Ecosse avant l’avĂšnement de Jacques Ier en 1603 Ă©tait-il citoyen anglais ou Ă©tranger ? L’affaire Ă©tait d’importance, car le jeune Robert Calvin devait hĂ©riter de terres en Angleterre ; or, s’il Ă©tait reconnu Ă©tranger, il ne pouvait avoir aucun bien foncier. La cour de justice avait fini par statuer en sa faveur, mais Ă  la suite de cela, trois types d’étrangers avaient Ă©tĂ© dĂ©finis Les Ă©trangers amis ceux qui viennent d’un pays alliĂ© de l’Angleterre. Ils peuvent habiter dans le royaume, y acheter des biens meubles, mais ne peuvent possĂ©der ni terre, ni hĂ©ritage foncier. Les Ă©trangers ennemis temporaires ceux des pays catholiques, Espagnols ou Français, par exemple, dont on peut espĂ©rer une Ă©ventuelle conversion, ou dont les gouvernements peuvent devenir alliĂ©s de l’Angleterre ; Les Ă©trangers avec sauf-conduit » ceux des autres pays, Ă  qui l’on a accordĂ© l’autorisation de rĂ©sider en Angleterre par exemple des diplomates ; Les Ă©trangers perpĂ©tuels juifs, musulmans ou paĂŻens. Ceux-lĂ  sont dĂ©nuĂ©s de tous droits ; leur exclusion est totale et dĂ©finitive. MĂȘme convertis, on ne leur fait pas confiance et leur conversion est considĂ©rĂ©e comme fragile ou hypocrite. Barbares, ils sont hors de la loi naturelle et de la loi de Dieu. Si l’Angleterre conquiert leur pays, elle a le droit d’abolir toutes leurs lois et coutumes l’Angleterre colonisatrice considĂšre des groupes humains entiers comme des sauvages et des animaux. Racisme et xĂ©nophobie dans la piĂšce Il y a plusieurs Ă©trangers dans la piĂšce, qui reprennent la hiĂ©rarchie prĂ©cĂ©demment indiquĂ©e L’étranger ami Michel Cassio. Celui qui a supplantĂ© Iago auprĂšs d’Othello est Florentin ; et voici comment il est dĂ©crit un grand calculateur 
 un Florentin, du nom de Michel Cassio, / Un qui se damnerait pour de belles femmes, / Mais qui, jamais, jamais, n’a menĂ© se battre / La moindre escouade ; et qui ne sait pas mieux / que fille Ă  son fuseau commander la troupe ! » p. 75 ; et quelques vers plus bas, il est qualifiĂ© de Ce caissier, ce gratte-sous . Certes, c’est toute la haine d’Iago qui s’exprime ainsi, et devant sa dupe Roderigo ; mais justement, Iago sait fort bien s’appuyer sur les prĂ©jugĂ©s de ceux qu’il entend manipuler
 L’étranger perpĂ©tuel le Turc. S’il est un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est la guerre contre le Turc, ennemi belliqueux et conquĂ©rant qui veut s’emparer de Rhodes et de Chypre, possessions vĂ©nitiennes, ennemi d’autant plus haĂŻssable qu’il est habile stratĂšge, ennemi total puisque musulman. notre ennemi Ă  tous, l’Ottoman » p. 111 ; c’est d’ailleurs parce qu’il est le plus apte Ă  combattre cet ennemi qu’Othello obtient l’accord du Doge pour son mariage avec DesdĂ©mone
 Le Turc est donc Ă  la fois redoutĂ© pour sa puissance, et mĂ©prisĂ© Ă  l’acte II, la tempĂȘte qui anĂ©antit sa flotte apparaĂźt comme un signe divin. Et Turc » est une insulte. Je dis le vrai, ou c’est que je suis un Turc , dit Iago p. 161. et Othello, dans sa derniĂšre rĂ©plique, raconte que Ă  Alep, une fois, voyant un malveillant Turc enturbannĂ© Frapper un VĂ©nitien et insulter Venise, Je saisis par la gorge ce chien circoncis Et l’embrochai, – ainsi. » p. 479-481. L’étranger perpĂ©tuel Othello ? Nous avons vu plus haut le caractĂšre ambivalent d’Othello, Ă  la fois hĂ©ros reconnu, ĂȘtre parfait, mais aussi Barbare aux yeux de ses ennemis, et Ă  ses propres yeux. aux yeux de Brabantio, DesdĂ©mone a trahi son propre sang » mĂȘme converti, mĂȘme Ă©duquĂ© comme un VĂ©nitien, mĂȘme devenu un hĂ©ros national, Othello reste un Barbare, Ă  peine un humain Se pourrait-il qu’une fille aussi tendre, aussi belle et heureuse, 
 aurait couru 
 vers la poitrine noire comme la suie d’un machin comme toi ? » p. 101 ; et p. 105 Si de tels mĂ©faits avaient libre cours, Esclaves et paĂŻens nous gouverneraient . Quoi qu’il fasse, Othello ne sera jamais qu’un esclave » et un paĂŻen ». Les mĂ©taphores qui le dĂ©signent sont soit animaliĂšres, soit diaboliques le diable », les sciences de l’enfer », un dĂ©mon » Il se croit immĂ©diatement trahi de DesdĂ©mone parce qu’il doute de sa propre capacitĂ© Ă  ĂȘtre aimĂ© ; pour lui aussi, le choix de la jeune femme est contre nature Est-ce parce que je suis noir, ou n’ai en rien / les faciles maniĂšres des gens des villes, / ou redescends la pente de la vie
 » p. 267. Lui-mĂȘme associe la couleur de sa peau Ă  une souillure mon nom 
 le voici souillĂ© maintenant, noir comme l’est ma face ». p. 281. L’ennemi perpĂ©tuel Iago. Iago est Ă  la fois VĂ©nitien, soldat ayant fait la preuve de sa vaillance, et honnĂȘte homme aux yeux de tous, y compris d’Othello. Mais il est le pire ennemi, celui qui trahit de l’intĂ©rieur – la hantise des citadelles assiĂ©gĂ©es ! Seule DesdĂ©mone a, un moment, perçu sa mĂ©chante nature. Mais, une fois dĂ©voilĂ©, par un renversement spectaculaire, c’est lui qui devient l’Autre absolu, tandis qu’Othello est rĂ©intĂ©grĂ© parmi les hommes. Iago est alors fameuse canaille », ordure », suppĂŽt de l’enfer », vipĂšre », esclave damnĂ© » Y. Bonnefoy traduit a damned slave » par maudite canaille » p. 473 ; mais le terme slave », esclave » est important Iago Ă  son tour est ravalĂ© au rang infra-humain qui Ă©tait celui d’Othello. Il devient mĂȘme chien de Sparte », promis au supplice – comme un esclave. Les prĂ©jugĂ©s contre les femmes Nous avons Ă©tudiĂ© plus haut les personnages fĂ©minins de la piĂšce. Si les femmes sont moins rejetĂ©es sans doute que les Ă©trangers, les prĂ©jugĂ©s Ă  leur Ă©gard ne manquent pas, exprimĂ©s entre autres par Brabantio, Iago surtout, puis Othello lorsqu’il est sous influence ; et l’on peut penser que la force de ces prĂ©jugĂ©s est pour beaucoup dans la facilitĂ© avec laquelle il a cru Ă  la trahison de DesdĂ©mone. On est encore dans la lignĂ©e de la querelle des femmes » La femme est bavarde reproche constant d’Iago Ă  Emilia – et ironiquement, il sera effectivement confondu par les paroles de sa femme ! ; La femme est inconstante, lascive, toute entiĂšre soumise Ă  ses dĂ©sirs cf. le discours d’Iago Ă  Roderigo, II, 1 ; La femme est surtout trompeuse, experte en mensonges, toujours prĂȘtes Ă  berner un mari trop confiant Je sais trop ce que sont nos VĂ©nitiennes, Et qu’il n’est que le Ciel qui sache les tours Qu’à leurs maris elles n’osent certes pas dire. Toute leur morale, Ce n’est pas de ne pas pĂ©cher, c’est de n’en rien faire voir. » p. 259 Mais Shakespeare croit-il en ces prĂ©jugĂ©s ? S’il existe quelques beaux monstres fĂ©minins dans son théùtre, la monstruositĂ© est assez bien rĂ©partie entre hommes et femmes, et ces derniĂšres sont le plus souvent des victimes pitoyables et innocentes OphĂ©lie, Juliette
 ou DesdĂ©mone. Dans Othello, elles ont le beau rĂŽle si Emilia dit en badinant, pour distraire DesdĂ©mone, qu’elle trahirait son mari pour en faire un Roi », en rĂ©alitĂ© toutes les figures fĂ©minines se montrent ici honnĂȘtes, vĂ©ridiques, et sincĂšrement amoureuses du moins Bianca et DesdĂ©mone. La piĂšce apparaĂźt donc plutĂŽt comme un manifeste contre les prĂ©jugĂ©s sexistes. Conclusion Othello, le Noir de la piĂšce, ne devient conforme Ă  la figure honnie du Barbare que sous l’influence d’un empoisonneur et de ses poisons ; avant, et aprĂšs, il redevient l’ĂȘtre parfait dĂ©crit par les bons » personnages. Les femmes de la piĂšce ne correspondent en rien, bien au contraire, aux clichĂ©s sexistes des autres personnages. On peut donc en conclure que Shakespeare prenait grandement ses distances par rapport Ă  ces prĂ©jugĂ©s ; sans les combattre frontalement, il savait les remettre en question. La jalousie dans Othello Othello n’est pas, au dĂ©part, vouĂ© Ă  la jalousie Othello est un soldat, dont personne Ă  part Iago et Roderigo ne met en doute l’honnĂȘtetĂ© ni la vaillance ; lui-mĂȘme connaĂźt sa propre valeur il n’a donc aucune mĂ©sestime de soi, qui pourrait lui laisser croire que DesdĂ©mone pourrait en aimer un autre. En revanche, il a un sens de l’honneur chatouilleux, et c’est aussi par lĂ  que Iago va le toucher. Othello, parfaitement honnĂȘte, s’attend Ă  la mĂȘme attitude de la part d’autrui Le More est par nature franc, sans mĂ©fiance, Il croit les gens honnĂȘtes pour peu qu’ils le paraissent. » p. 145. Il accordera donc foi aux paroles d’Iago, dont il n’imagine mĂȘme pas la noirceur ; et inversement, il se croira trahi par Cassio, car les apparences joueront contre celui-ci. Et de mĂȘme, par DesdĂ©mone, quand il pensera avoir la preuve de son infidĂ©litĂ©. Il n’y a donc chez Othello aucune prĂ©disposition maladive Ă  la jalousie quand Brabantio dĂ©pitĂ© lui lance Aie l’oeil sur elle, More, apprends Ă  la surveiller. Elle a trompĂ© son pĂšre, elle peut aussi te tromper. » la seule rĂ©plique d’Othello est J’ai sa foi, j’en rĂ©ponds et sur ma vie ! » On peut y voir, bien sĂ»r, de l’ironie tragique ; mais c’est aussi et surtout une preuve d’amour et de confiance. Le seul personnage maladivement jaloux, c’est Iago – comme un aspect de son envie universelle. PersuadĂ© que toutes les femmes sont lubriques et menteuses, il soupçonne tout naturellement la sienne, sans l’ombre d’une preuve Car je soupçonne fort ce More fougueux d’avoir sautĂ© sur ma propre selle et cette pensĂ©e me ronge, comme un poison » p. 181 Emilia elle-mĂȘme y fera allusion acte IV, scĂšne II, lorsqu’elle devinera que quelqu’un a empoisonnĂ© » l’ñme d’Othello C’est un sire de cette sorte qui vous avait retournĂ© l’esprit pour vous faire nous soupçonner, moi et le More » p. 383 Emilia non plus n’imagine pas toute la noirceur de Iago
 et pourtant, elle partage sa vie. Ne minimisons pas la puissance de dissimulation de ce personnage, que tous, Othello, Cassio, Roderigo croient honnĂȘte presque jusqu’au dĂ©nouement
 Seul le public la connaĂźt, puisqu’à plusieurs reprises Iago la lui a exposĂ©e, droit dans les yeux, exactement comme Richard III dans la piĂšce Ă©ponyme s’est peint lui-mĂȘme comme un criminel – pour le seul public. De la jalousie d’Iago Ă  celle d’Othello Emilia dĂ©crit ainsi la jalousie ils ne sont pas jaloux pour une raison, mais parce qu’ils sont jaloux. La jalousie ? un monstre qui s’engendre lui-mĂȘme, et se nourrit de soi. » p. 313 Mais cette jalousie est celle de Iago, non celle d’Othello. Pour Othello, il faudra d’abord l’action constante, les insinuations perfides d’Iago, le poison » moi, dans l’oreille de ce dernier, je verserai de la pestilence
 » p. 221 Or souvenons-nous de la maniĂšre dont le pĂšre d’Hamlet fut assassinĂ© par un poison versĂ© dans son oreille
 Hamlet date de 1600, quatre ans Ă  peine avant Othello ! Iago a le mĂȘme modus operandi » que Claudius, comme lui faux frĂšre » et imposteur. L’empoisonnement commence trĂšs prĂ©cisĂ©ment par le Ah, je n’aime pas cela », p. 239 ; il se poursuit p. 247, par des allusions plus prĂ©cises. Or, Ă  nouveau, Othello refuse de se laisser prendre il exige des preuves irrĂ©futables, concrĂštes. Crois-tu que je veuille une vie de jaloux, avec soupçons croissant et dĂ©croissant comme les phases de la lune ? 
 
 Non, non, Iago, avant de soupçonner je veux avoir vu. Et si je dois douter je demanderai des preuves. » p. 259 Ce n’est pas lĂ  le comportement d’un jaloux maladif, mais d’un homme rationnel et droit ; en revanche, si on lui dĂ©montre la culpabilitĂ© de DesdĂ©mone, il tranchera, exactement comme il l’a fait en destituant Cassio. Et si le doute s’insinue en lui, c’est simplement qu’il croit Iago honnĂȘte, et n’imagine pas une quelconque malveillance de sa part cet honnĂȘte homme » p. 265, cet homme est d’une extrĂȘme honnĂȘtetĂ© » p. 267 Or la preuve que va apporter Iago a toutes les apparences d’une preuve irrĂ©futable le mouchoir, cet objet Ă  la fois talisman et signe d’amour, que Iago va faire apparaĂźtre entre les mains de Cassio – et qui suscitera les dĂ©nĂ©gations maladroites de DesdĂ©mone. LĂ  encore, le spectateur n’ignore rien de la machination, mais aux yeux d’Othello, cela ne peut apparaĂźtre que comme la preuve absolue de la trahison DesdĂ©mone n’a plus le mouchoir, mais elle ne fournit aucune explication ; elle s’obstine Ă  plaider la cause de Cassio, avec qui on l’a vue discuter en tĂȘte-Ă -tĂȘte ; Iago, qu’il croit honnĂȘte, lui raconte un aveu de Cassio durant son sommeil p. 285 plus tard, Othello entendra Cassio parler avec mĂ©pris d’une femme trop amoureuse
 Enfin Cassio lui-mĂȘme est mal Ă  l’aise face Ă  Othello. Chaque fait isolĂ© a une explication, mais Othello, empoisonnĂ© par Iago, ne peut Ă©videmment comprendre autre chose que la trahison. Une juste colĂšre ? Othello est donc convaincu que DesdĂ©mone et Cassio l’ont trahi. Sa rĂ©action est-elle condamnable, aux yeux de Shakespeare ? Rien n’est moins sĂ»r. Pour le comprendre, il faut revenir Ă  d’autres figures de la jalousie, dans la littĂ©rature et le théùtre ; et une autre figure s’impose alors celle de MĂ©dĂ©e. Dans la piĂšce d’Euripide, MĂ©dĂ©e n’est pas d’emblĂ©e condamnĂ©e, en tous cas pas Ă  cause de sa jalousie. En effet, elle a tout donnĂ© Ă  Jason en trahissant son propre pĂšre, elle lui a permis de conquĂ©rir la toison d’or et lui a donc donnĂ© le pouvoir ; elle a abandonnĂ© sa patrie pour le suivre Ă  Corinthe ; elle lui a donnĂ© deux enfants. Et voilĂ  qu’il prĂ©tend dĂ©sormais la rĂ©pudier, pour Ă©pouser une princesse, CrĂ©ĂŒse
 MĂ©dĂ©e revendique sa colĂšre, ÎŒáż†ÎœÎč, le mĂȘme mot qu’Achille ! Elle la clame haut et fort, et le spectateur la suit ; EgĂ©e, d’ailleurs, accepte de l’accueillir. Si elle n’avait pas manifestĂ© sa fureur, elle eĂ»t passĂ© pour une Ăąme d’esclave, indigne de la princesse qu’elle Ă©tait. Le seul moment oĂč elle est condamnable, c’est quand elle se trompe de cible, et tue ses enfants. Mais ni le meurtre de CrĂ©ĂŒse, ni sa fureur contre Jason n’apparaissent indignes d’elle. Il faudra attendre SĂ©nĂšque, le stoĂŻcisme, et cette sagesse consistant Ă  ne pas Ă©prouver de colĂšre, ni d’émotion, mais Ă  refouler sa douleur, pour que MĂ©dĂ©e apparaisse comme une folle, Ă  la fois faible et criminelle. De la mĂȘme façon, Othello se montrerait faible et indigne de lui-mĂȘme, de ses valeurs, s’il acceptait le dĂ©shonneur du cocuage sans rĂ©agir si on lui apporte la preuve, alors il devra trancher. Relisons la page 258-259 Non, si je doute, je trancherai aussitĂŽt. 
 AprĂšs quoi, preuve faite, quelle suite ? En finir sur-le-champ avec et la jalousie et l’amour. » Othello se considĂšre comme doublement trahi, dans ses sentiments, certes, mais aussi dans son honneur ; cf. p. 323 le dĂ©shonneur de DesdĂ©mone ne peut que rejaillir sur lui. Voici le dĂ©nouement – Lodovico Othello ! Toi qui Ă©tais un homme de bien, t’ĂȘtre laissĂ© empiĂ©ger par cette maudite canaille ! Quel nom va-t-on te donner ? – Othello Ah, peu importe ! Un meurtrier par honneur, si vous voulez. Je ne fis rien par haine, je ne pensais qu’à l’honneur. » p. 473 Textes expliquĂ©s incipit Acte II, scĂšne 1 L’incipit, p. 73-79, du dĂ©but Ă  qu’il y perde de sa couleur ! » Le tout premier texte met en scĂšne un des personnages principaux, Iago, accompagnĂ© d’un comparse, Roderigo, qui joue un peu ici le rĂŽle d’un confident il Ă©coute et donne la rĂ©plique Ă  Iago. Le cadre et les prĂ©misses de l’action La scĂšne se passe Ă  Venise, la nuit. Rien n’indique pour le moment, clairement, dans quel contexte historique se joue la scĂšne, mais il sera fait plus tard des allusions Ă  la bataille de LĂ©pante 1571. La piĂšce de Shakespeare datant de 1604, cela ne renvoie pas Ă  un passĂ© bien lointain une trentaine d’annĂ©es
 Les allusions Ă  Rhodes et Chypre suffisaient aux contemporains pour situer la scĂšne. Le contexte est militaire Iago se plaint de n’avoir pas obtenu un poste de lieutenant auprĂšs d’Othello, et d’ĂȘtre obligĂ© de se contenter d’ĂȘtre son enseigne
 Puis, Ă  la fin du passage, le contexte change il est question de la fille », du pĂšre » qu’il faut rĂ©veiller on suppose alors qu’à la jalousie militaire se superpose une jalousie amoureuse. PrĂ©sentation des protagonistes La plupart des protagonistes sont prĂ©sentĂ©s ici, soit par eux-mĂȘmes en une sorte d’auto-portrait, soit par Iago et Roderigo. Le More de Venise, Othello De rang Ă©levĂ© il nomme son lieutenant, est servi par un enseigne, il est l’objet de la haine, tant d’Iago que de Roderigo. Chez Iago, la haine d’un homme qui se sent flouĂ© se mĂȘle au mĂ©pris le plus violent Lui qui se dĂ©lecte, dans son orgueil de tout ce qu’il concocte, il les a menĂ©s en bateau avec son baratin, une soupe immonde, toute gonflĂ©e d’images militaires. » p. 75 A ses yeux, Othello n’est qu’un miles gloriosus , un beau parleur sans rĂ©elle valeur. Sa haine aveugle va le conduire Ă  trahir Othello, et il thĂ©orise ici sa trahison et Ă  lui nuire de toutes les maniĂšres possibles. Othello n’est pas mieux vu de Roderigo ; mais chez lui, s’exprime davantage une haine raciste il en a de la chance, ce lippu ! » que des griefs rĂ©els. On peut imaginer qu’Othello fait preuve d’un certain aveuglement il se croit loyalement servi, et ne se rend pas compte de la haine qu’il suscite. Michel Cassio C’est le jeune homme Florentin qu’Othello a choisi pour lieutenant. Iago nous apprend qu’il s’agit d’un homme Ă  femmes, peu expert dans le mĂ©tier des armes. Iago le mĂ©prise, mais le hait somme toute moins qu’Othello ; il servira d’outil Ă  sa vengeance. Auto-portrait d’Iago C’est le personnage le plus agissant de la tragĂ©die, et le plus spectaculaire. Son portrait se prĂ©cisera tout au long de la piĂšce ; mais ici, dĂ©jĂ , il se manifeste comme un protagoniste c’est lui qui prononce les plus longues tirades, qui donne des leçons et des ordres
 C’est un redoutable manipulateur. Il apparaĂźt d’abord comme un homme en colĂšre il s’attendait Ă  une promotion, et c’est un homme de moindre valeur qui l’a obtenue Ă  sa place. Toute la page 75 exprime sa fureur devant ce qu’il ressent comme une Ă©norme injustice, dont Othello s’est rendu coupable. Puis, Ă  partir de la p. 77, il passe Ă  l’action. Tout d’abord, sur un ton trĂšs sentencieux, il fait la thĂ©orie du serviteur traĂźtre ; il oppose le mĂ©prisable bon serviteur » amoureux de sa servitude, Ă  l’hypocrite assumĂ© qu’il veut ĂȘtre ; MoliĂšre se souviendra peut-ĂȘtre de cet Ă©loge de l’hypocrisie » dans son Dom Juan
 Il n’est pas sĂ»r, d’ailleurs, que Roderigo l’ait bien Ă©coutĂ© ! En effet, il suit sa propre pensĂ©e – ce qui ne manque pas de produire un dĂ©calage comique entre la grandiloquence d’Iago et l’indiffĂ©rence de son complice. Il entre immĂ©diatement en action, en poussant Roderigo Ă  dĂ©noncer Othello et DesdĂ©mone au pĂšre de celle-ci dans sa haine contre Othello, il n’hĂ©site pas Ă  tout piĂ©tiner autour de lui. DesdĂ©mone, la fille », n’a droit qu’à son mĂ©pris elle aussi. Iago apparaĂźt ici comme un personnage inquiĂ©tant, dĂ©pourvu de tout scrupule moral, prĂȘt Ă  tout pour se venger – et d’autant plus dangereux qu’il sait revĂȘtir le masque du bon serviteur. Acte II, scĂšne 1, de mets-toi le doigt sur la bouche » Ă  ce que permettront les circonstances ». Tous les personnages se sont retrouvĂ©s Ă  Chypre ; entre-temps, le danger turc a disparu, et Othello veut fĂȘter en mĂȘme temps la sĂ©curitĂ© retrouvĂ©e et son propre mariage. Ici Iago tente une fois encore de circonvenir le naĂŻf Roderigo. Construction du texte DesdĂ©mone ne peut que se dĂ©goĂ»ter de son mari ; Elle ne peut qu’ĂȘtre amoureuse de Cassio ; Il faut donc passer par Cassio pour atteindre Othello. C’est un raisonnement faux de bout en bout
 et pourtant, la machination va tragiquement rĂ©ussir ! Un jeu de massacre Une leçon de misogynie Le raisonnement d’Iago semble implacable par sa nature mĂȘme, DesdĂ©mone est condamnĂ©e Ă  trahir Othello. l. 15 Il y a chez lui une vĂ©ritable haine des femmes, qui s’exprime de la maniĂšre la plus brutale. Les femmes sont, selon lui, toutes entiĂšres guidĂ©es par des passions dĂ©vergondĂ©es et lascives » ; elles ont besoin de rĂ©veiller le dĂ©sir » ; le moindre geste n’est guidĂ© que par la paillardise », la luxure », les pensĂ©es dĂ©pravĂ©es ». Outre que Iago prĂȘte Ă  DesdĂ©mone ses propres obsessions, on remarquera qu’il se place dans une longue tradition misogyne, qui va d’Aristophane aux Fabliaux, et Ă  la Querelle des femmes ». Iago est l’ĂȘtre qui toujours nie » rien ne rĂ©siste Ă  ses convictions – ni Ă  son mĂ©pris DesdĂ©mone n’est que la fille », semblable Ă  toutes les jeunes folles ». Une leçon de haine raciste Rien d’Othello ne rĂ©siste au regard dĂ©valorisant d’Iago. Ses rĂ©cits ? ses rodomontades et de fantastiques mensonges », des balivernes ». Sa personne ? Il n’a ni charme, ni jeunesse, ni Ă©lĂ©gance ; il ne peut que susciter le dĂ©goĂ»t et la haine – l’amour de DesdĂ©mone n’est, au mieux, qu’une illusion, au pire, un mensonge. Mais Iago n’est pas tellement diffĂ©rent, en cela, de Brabantio, par exemple, ou de Roderigo lui-mĂȘme
 La haine et le mĂ©pris envers les protagonistes n’est donc, chez Iago, qu’une monstrueuse amplification des clichĂ©s misogynes et racistes qui ont cours dans la sociĂ©tĂ© oĂč il vit ; et c’est sans doute pourquoi on l’écoute, et on le croit il fait Ă©cho Ă  la pensĂ©e profonde de son public. Une haine gĂ©nĂ©rale
 
 qui n’épargne Ă©videmment pas le Beau Cassio » ce coquin est un beau parleur » sous une apparence polie et sympathique, c’est lui aussi un monstre sensuel et prĂȘt Ă  tout ; un homme sans qualitĂ©s » mais capable de les simuler toutes
 Auto-portrait d’Iago l’homme qui toujours nie » Bien avant le MĂ©phistophĂ©lĂšs du Faust de Goethe, Iago constitue la parfaite figue du nihiliste. Rien ni personne Ă  ses yeux ne trouve grĂące, ni DesdĂ©mone, ni Othello unanimement respectĂ© comme chef militaire, ni Cassio
 ni mĂȘme Roderigo, qui n’est Ă  ses yeux qu’un benĂȘt Ă  Ă©duquer, et un moyen. Il semble vivre dans un monde entiĂšrement nĂ©gatif, oĂč les apparences les plus riantes ne recouvrent qu’une noirceur intĂ©grale. Sa haine s’attache particuliĂšrement aux sentiments, qui littĂ©ralement, Ă  ses yeux, n’existent pas. Toute sympathie ne peut ĂȘtre que de nature sexuelle – or le sexe le dĂ©goĂ»te profondĂ©ment. Le Pouah ! » de la ligne 44 est un cri du cƓur ! Lui-mĂȘme, d’ailleurs, vit avec sa femme dans le conflit et le mĂ©pris. Un redoutable parleur Iago cependant est Ă©coutĂ©, peut-ĂȘtre parce qu’il n’est pas dĂ©nuĂ© de talent. Un talent d’argumentateur il sait tordre la rĂ©alitĂ© pour convaincre, flatter son interlocuteur ta sagacitĂ© », dĂ©montrer et persuader
 Un jeu d’acteur on peut imaginer une verve de bonimenteur Madame la SensibilitĂ©, jeu sur les images le vin qu’elle boit est fait d’un fameux raisin »  Une rĂ©elle autoritĂ© nombreux impĂ©ratifs
 Conclusion Iago s’affirme comme un personnage dangereux ; rien ne saurait le convaincre une fois qu’il a pris quelqu’un dans ses filets, et il ne reculera devant rien. Et le pĂąle Roderigo n’est qu’une marionnette entre ses mains. Bibliographie Darge Fabienne, L’Othello sauvage de Thomas Ostermeier , Le Monde culture, 21 mars 2011. Marienstras Richard, Le Proche et le lointain. Sur Shakespeare, le drame Ă©lisabĂ©thain et l’idĂ©ologie anglaise des XVIĂšme et XVIIĂšme siĂšcles. Éditions de Minuit, 1981. Lire en particulier le chapitre VI. Marienstras Richard et Gow-Blanquet Dominique, Autour d’Othello, colloque des 5-6-7 fĂ©vrier 1987, Amiens, Presses de l’UFR Clerc, UniversitĂ© de Picardie, 1987. Sissa Giulia, La Jalousie, une passion inavouable, Odile Jacob, Paris, 2015, 259 p. lire notamment l’analyse d’Othello, p. 152-160. 12K views, 61 likes, 31 loves, 17 comments, 19 shares, Facebook Watch Videos from Temple de Saint-BenoĂźt, Muruga, au nom de la vĂ©ritĂ©: A la veille des dix jours de Cavadee au Temple Siva A la veille des dix jours de Cavadee au Temple Siva Soupramanien de Saint-BenoĂźt, demain jeudi 2 juin 2022, Ă  15 heures, aura lieu la cĂ©rĂ©monie de | By Temple de Saint Navigation principale CinĂ©ma News Le cahier critique Sorties CinĂ©ma Horaires et salles Prochainement Box-Office Photos Videos Dossiers SĂ©ries News Photos VidĂ©os Dossiers Toutes les sĂ©ries TV News Photos VidĂ©os Dossiers Audiences TĂ©lĂ© DVD / VOD News Photos VidĂ©os Bandes-Annonces People News Toutes les stars Photos VidĂ©os Dossiers SĂ©ries SĂ©ries tĂ©lĂ© TĂ©lĂ©film de suspense Au nom de la vĂ©ritĂ© SĂ©rie News Photos VidĂ©os Casting Épisodes Diffusions VidĂ©o Ă  la une Premiere en continu Le guide des sorties Jeux concours NEWSLETTER Aunom de la vĂ©ritĂ©: Machination amoureuse. Gde gledati. Emisija nije dostupna u zemlji. SINOPSIS. PREPORUKE. Bokser (2009) danas. Ben je mladić problematične proĆĄlosti. DoĆĄao je dan kada će da izađe iz zatvora. Ben ĆŸeli promeniti svoj ĆŸivot i postati bolji čovek. Na svom ĆŸivotnom putu Projekat dinosaurus (2012) danas. Ljuk je nedavno izbačen iz ĆĄkole, jer je
En mai 1967, Ă  Pointe-Ă -Pitre, les forces de l’ordre tirent Ă  balles rĂ©elles sur une manifestation d’ouvriers du bĂątiment. Cet ouvrage revient sur le contexte des Ă©vĂ©nements qui firent une cinquantaine de morts, Ă©clairant le parcours des militants, leurs revendications, leur formation intellectuelle, d’une rive Ă  l’autre de l’empire colonial français dĂ©clinant. Les analyses montrent aussi la distance qui progressivement sĂ©parera le mouvement indĂ©pendantiste rĂ©volutionnaire de la population guadeloupĂ©enne, non pas sur les objectifs mais sur les moyens d’action. MalgrĂ© les efforts de patrimonialisation, les Ăźliens » mĂ©connaissent cette brutale rĂ©pression ou gardent le silence sur leurs souvenirs. Pourtant, ces violences emblĂ©matiques de la logique de l’Etat gaullien aprĂšs l’indĂ©pendance algĂ©rienne sont Ă  replacer dans l’histoire de la casse des mouvements populaires de contestation aux Antilles. Le lien est ensuite fait entre les Ă©vĂ©nements insurrectionnels de 1967 et la situation sociale contemporaine de la Guadeloupe, sociĂ©tĂ© sous perfusion touristique, plongĂ©e dans la dĂ©pendance et la consommation Ă  outrance. Etudes guadeloupĂ©ennes » numĂ©ro spĂ©cial, Association guadeloupĂ©enne de recherches et d’études AGRE, BP 132, 97181 Abymes Cedex, 2008, 240 pages, 25 euros.
Chacund'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente Au nom de la vĂ©ritĂ© est une nouvelle fiction quotidienne de vingt-six minutes, qui s'attache Ă  des hĂ©ros du

1 L’Étranger – Albert Camus RĂ©sumĂ© condamnĂ© Ă  mort, Meursault. Sur une plage algĂ©rienne, il a tuĂ© un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu’il faisait chaud. On n’en tirera rien d’autre. Rien ne le fera plus rĂ©agir ni l’annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mĂšre, ni les paroles du prĂȘtre avant la Le Petit Prince – Antoine de Saint-ExupĂ©ry RĂ©sumĂ© “- S’il vous plaĂźt
 dessine-moi un mouton! – Hein! – Dessine-moi un mouton
” J’ai sautĂ© sur mes pieds comme si j’avais Ă©tĂ© frappĂ© par la foudre. J’ai bien frottĂ© mes yeux. J’ai bien regardĂ©. Et j’ai vu un petit bonhomme tout Ă  fait extraordinaire qui me considĂ©rait L’Attrape-cƓurs – Salinger RĂ©sumĂ© L’Attrape-cƓurs est l’histoire d’une fugue, celle d’un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassĂ© de son collĂšge trois jours avant NoĂ«l, qui n’ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et d’aventures cocasses, sordides ou Ă©mouvantes, d’incertitude et d’anxiĂ©tĂ©, Ă  la recherche de soi-mĂȘme et des autres. L’histoire Ă©ternelle d’un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et 1984 – George Orwell RĂ©sumĂ© de tous les carrefours importants, le visage Ă  la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, rĂ©pĂ©tait la lĂ©gende, tandis que le regard des yeux noirs pĂ©nĂ©trait les yeux de Winston
 Au loin, un hĂ©licoptĂšre glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flĂšche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenĂȘtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Le Portrait de Dorian Gray – Oscar Wilde RĂ©sumĂ© alors qu’il rend visite Ă  son ami peintre Basil Hallward, Lord Henry rencontre le jeune Dorian Gray. ÉmerveillĂ© par sa jeune beautĂ© et sa naĂŻvetĂ©, il se lie rapidement d’amitiĂ© avec lui et dit, en plaisantant, qu’une fois le portrait terminĂ©, seul celui-ci gardera Ă  jamais cette beautĂ© tandis que Dorian vieillira peu Ă  peu. Le jeune homme dĂ©clare alors qu’il donnerait son Ăąme pour que ce portrait vieillisse Ă  sa place. À ces mots, tous rirent
 sur le moment. EffrayĂ© par ce portrait si parfait, Dorian le laissera chez lui, protĂ©gĂ© de la vue de tous, cachant honteusement le secret de son Ăąme
6 Le Meurtre de Roger Ackroyd – Agatha Christie RĂ©sumĂ© un soir, dans sa propriĂ©tĂ© de Fernly Park, l’industriel Roger Ackroyd se confie Ă  son ami le Dr Sheppard. La veuve qu’il envisageait d’épouser s’est suicidĂ©e pour Ă©chapper Ă  un chantage. Dans une ultime lettre, elle lui rĂ©vĂšle le nom de celui qui dĂ©tient un terrible secret un an plus tĂŽt, elle a assassinĂ© son mari. Peu aprĂšs avoir livrĂ© ces confidences, Roger Ackroyd est retrouvĂ© mort, poignardĂ©. Et la fameuse lettre a disparu
7 Au Bonheur des Dames – Émile Zola RĂ©sumĂ© Octave Mouret affole les femmes de dĂ©sir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, Ă©blouissants, dĂ©licats. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques rĂ©volutionnaires. Le succĂšs est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spĂ©culations immobiliĂšres se multiplient, et le personnel connaĂźt une vie d’enfer. Denise Ă©choue de Valognes dans cette fournaise, dĂ©munie mais Mercure – AmĂ©lie Nothomb RĂ©sumĂ© sur une Ăźle au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolĂ©s, entourĂ©s de serviteurs et de gardes du corps, Ă  l’abri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage. EngagĂ©e pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmiĂšre, va dĂ©couvrir pourquoi Hazel se rĂ©signe aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystique
9 Gatsby le magnifique – F. Scott Fitzgerald RĂ©sumĂ© New York, annĂ©es folles
 Dans sa somptueuse demeure de Long Island, Jay Gatsby organise de fastueuses rĂ©ceptions oĂč les invitĂ©s se pressent en foule. Mais leur hĂŽte ne cherche Ă  Ă©blouir qu’une seule personne Daisy Buchanan. Elle est Ă©lĂ©gante, riche, sĂ©duisante, mais elle est la femme d’un hĂ©ritier millionnaire
10 L’Écume des jours – Boris Vian RĂ©sumĂ© c’est un conte de l’époque du jazz et de la science-fiction, Ă  la fois comique et poignant, heureux et tragique, fĂ©erique et dĂ©chirant. Dans cette Ɠuvre d’une modernitĂ© insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animĂ©, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d’un nĂ©nuphar, le cauchemar va jusqu’au bout du dĂ©sespoir. Mais seules deux choses demeurent Ă©ternelles et triomphantes le bonheur ineffable de l’amour absolu et la musique des Noirs amĂ©ricains
11 Huis clos – Jean-Paul Sartre RĂ©sumĂ© Estelle, Garcin et InĂšs, morts, se rencontrent en enfer, dans un salon Empire. Ils s’attendent Ă  y subir des tortures infinies et Ă  y retrouver leurs victimes. Ensemble, ils discutent de ce qui les attend, de ce qui les a conduit lĂ  et tissent d’impossibles relations les uns avec les autres pour finalement comprendre que “l’enfer c’est les autres”.12 L’Alchimiste – Paulo Coelho RĂ©sumĂ© Santiago, un jeune berger andalou, part Ă  la recherche d’un trĂ©sor enfoui au pied des Pyramides. Lorsqu’il rencontre l’Alchimiste dans le dĂ©sert, celui-ci lui apprend Ă  Ă©couter son cƓur, Ă  lire les signes du destin et, par-dessus tout, Ă  aller au bout de son Harry Potter – Rowling RĂ©sumĂ© le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin Ă©levĂ© par un oncle et une tante qui le dĂ©testent, voit son existence bouleversĂ©e. Un gĂ©ant nommĂ© Hagrid vient le chercher pour l’emmener Ă  Poudlard, une Ă©cole de sorcellerie! Voler en balai, jeter des sorts, combattre les trolls Harry se rĂ©vĂšle un sorcier douĂ©. Mais quel est le mystĂšre qui l’entoure? Et qui est l’effroyable V
, le mage dont personne n’ose prononcer le nom?14 Shutter Island – Dennis Lehane RĂ©sumĂ© annĂ©es cinquante. Au large de Boston, sur un Ăźlot nommĂ© “Shutter Island” se dresse un groupe de bĂątiments Ă  l’allure sinistre. C’est un hĂŽpital psychiatrique dont les patients, tous gravement atteints, ont commis des meurtres. Lorsque le ferry assurant la liaison avec le continent aborde ce jour-lĂ , deux hommes en descendent le marshal Teddy Daniels et son coĂ©quipier Chuck Aule. Ils sont venus Ă  la demande des autoritĂ©s de la prison-hĂŽpital car l’une des patientes, Rachel Solando, manque Ă  l’appel. Comment a-t-elle pu sortir d’une cellule fermĂ©e Ă  clĂ© de l’extĂ©rieur? Le seul indice retrouvĂ© dans la piĂšce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. ƒuvre incohĂ©rente d’une malade ou cryptogramme? Au fur et Ă  mesure que le temps passe, les deux policiers s’enfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant, jusqu’au choc final de la Sous les Ă©toiles silencieuses – Laura McVeigh RĂ©sumĂ© il y a certains voyages qu’on n’aimerait jamais avoir Ă  faire. Et que l’on fait pourtant s’ils offrent le seul moyen de survivre. ÉtĂ© 1990. Afsana, 15 ans, se trouve Ă  bord du TranssibĂ©rien vers la Russie. Elle vient de loin. De trĂšs loin. Sa ville, Kaboul, l’endroit oĂč elle se sentait jadis chez elle, a Ă©tĂ© ravagĂ©e par la guerre civile, suite Ă  l’arrivĂ©e des talibans. Depuis, Afsana et les siens sont en fuite, parcourant le pays d’un bout Ă  l’autre, en perpĂ©tuelle recherche d’un lieu oĂč enfin trouver la paix. Cet ultime trajet en train est l’occasion de se remĂ©morer les Ă©vĂ©nements qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le dĂ©part, mais aussi toutes les Ă©tapes de cette longue fuite en famille. Afsana se souvient de la belle maison au cƓur de la ville et de l’arbre de JudĂ©e dans le jardin, de l’amour de ses parents, de leur foi en l’avenir. Du bonheur d’ĂȘtre unis. Mais aussi de l’horreur qui s’immisce progressivement dans le quotidien et qui finit par les contraindre Ă  partir. Avec, au bout du voyage, une unique question comment recommencer lorsque tout a Ă©tĂ© perdu?16 NymphĂ©as noirs – Michel Bussi RĂ©sumĂ© du haut de son moulin, une vieille dame veille, surveille. Le quotidien du village, les cars de touristes
 Des silhouettes et des vies. Deux femmes, en particulier, se dĂ©tachent l’une, les yeux couleur nymphĂ©a, rĂȘve d’amour et d’évasion ; l’autre, onze ans, ne vit dĂ©jĂ  que pour la peinture. Deux femmes qui vont se trouver au cƓur d’un tourbillon orageux. Car dans le village de Monet, oĂč chacun est une Ă©nigme, oĂč chaque Ăąme a son secret, des drames vont venir diluer les illusions et raviver les blessures du passé 17 Une femme – Anne DelbĂ©e RĂ©sumĂ© c’est grĂące Ă  ce livre, enfin rééditĂ©, que nous a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e la vie extraordinaire de Camille Claudel. SƓur aĂźnĂ©e de l’écrivain Paul Claudel, Camille a connu en tant que femme et qu’artiste un destin hors du la fin du siĂšcle dernier, une jeune fille de dix-sept ans qui veut ĂȘtre sculpteur, c’est inconcevable, voire scandaleux. Or, Camille se lance dans l’aventure Ă  corps perdu. Jusqu’au jour de 1883 oĂč elle rencontre Auguste Rodin. Le MaĂźtre accepte de la prendre comme Ă©lĂšve ; bientĂŽt il deviendra son amant. Suivent quinze annĂ©es d’une liaison passionnĂ©e et orageuse d’oĂč Camille sortira Ă©puisĂ©e, vaincue
 Elle mourra en 1943 Ă  l’asile de Montdevergues, aprĂšs un terrible internement qui aura durĂ© trente ans, laissant au jugement de la postĂ©ritĂ© une Ɠuvre considĂ©rable, d’une rare puissance et d’une originalitĂ© La vĂ©ritĂ© sur l’affaire Harry Quebert – JoĂ«l Dicker RĂ©sumĂ© Ă  New York, au printemps 2008, lorsque l’AmĂ©rique bruisse des prĂ©mices de l’élection prĂ©sidentielle, Marcus Goldman, jeune Ă©crivain Ă  succĂšs, est dans la tourmente il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre Ă  son Ă©diteur d’ici quelques dĂ©lai est prĂšs d’expirer quand soudain tout bascule pour lui son ami et ancien professeur d’universitĂ©, Harry Quebert, l’un des Ă©crivains les plus respectĂ©s du pays, est rattrapĂ© par son passĂ© et se retrouve accusĂ© d’avoir assassinĂ©, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquĂȘte. Il est rapidement dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements l’enquĂȘte s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carriĂšre d’écrivain, il doit absolument rĂ©pondre Ă  trois questions “Qui a tuĂ© Nola Kellergan? Que s’est-il passĂ© dans le New Hampshire Ă  l’étĂ© 1975? Et comment Ă©crit-on un roman Ă  succĂšs?”19 Le Joueur d’échecs – Stefan Zweig RĂ©sumĂ© le grand maĂźtre des Ă©checs Czentovic a embarquĂ© Ă  bord d’un imposant paquebot pour une traversĂ©e entre New York et Buenos Aires. Le narrateur, joueur d’échecs Ă  ses heures perdues, ne cache pas sa curiositĂ© envers l’homme, que l’on prĂ©tend aussi inculte qu’il est douĂ© dans sa discipline. Il convainc alors un autre passager, McConnor, de dĂ©fier Czentovic aux Ă©checs
 Lors du match, un alliĂ© inattendu va les aider Ă  mettre en difficultĂ© le champion
 Mais qui est donc cet homme, M. B., capable de tenir tĂȘte Ă  Czentovic?20 L’élĂ©gance du hĂ©risson – Muriel Barbery RĂ©sumĂ© “Je m’appelle RenĂ©e, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, Ă  en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme Ă  l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait Ă  l’idĂ©e de personne que je suis plus lettrĂ©e que tous ces riches m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis trĂšs longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal Ă  poissons, la vacuitĂ© et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis trĂšs intelligente. Exceptionnellement intelligente, mĂȘme. C’est pour ça que j’ai pris ma dĂ©cision Ă  la fin de cette annĂ©e scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.”

Score 6.84 / 10. Chacun d’entre nous s’est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au c?ur de la tourmente?Au nom de la vĂ©ritĂ© est une nouvelle fiction quotidienne de vingt-six minutes, qui s’attache Ă  des hĂ©ros du quotidien en prise avec une dĂ©cision capitale.
LĂ©onide, princesse de Sparte, a hĂ©ritĂ© du trĂŽne qui devait revenir Ă  Agis. Afin de rĂ©tablir le jeune homme dans ses droits, elle cherche Ă  s’introduire chez Hermocrate, un philosophe, qui a Ă©levĂ© Agis afin de le soustraire au pĂ©ril qui, pense-t-il, ne manquerait pas de menacer le jeune homme au cas oĂč son existence soit rĂ©vĂ©lĂ©e. Mais LĂ©onide poursuit encore un autre dessein frappĂ©e par la bonne mine » d’Agis, elle en est tombĂ©e amoureuse. Et c’est sous l’apparence de Phocion, un jeune homme, qu’elle va s’efforcer de gagner l’amitiĂ© d’Agis, afin par ce moyen dĂ©tournĂ©, de chercher Ă  atteindre son cƓur
 Deux jeunes filles, une riche princesse de Sparte et sa suivante, travesties en jeunes hommes. Un mensonge, une manipulation convertis en vĂ©ritĂ© par la puissance de l’amour. Des portraits qui paraissent Ă  propos comme preuves objectives de la passion. La rĂ©vĂ©lation de l’amour qui suffit Ă  rendre fou d’amour ceux qui se croyaient protĂ©gĂ©s justement par leur bon sens et leur raison des dĂ©sordres de l’amour. Les comĂ©dies de Marivaux disposent bien souvent de tout un attirail de situations et de dispositifs scĂ©niques qu’on retrouve ordonnĂ©s diffĂ©remment d’une piĂšce Ă  l’autre. Il y a par exemple dans ce Triomphe de l’amour bien des Ă©lĂ©ments qui n’ont pas manquĂ© de me faire penser Ă  d’autres comĂ©dies de l’auteur, notamment aux Fausses confidences. Mais, en Ă©crivain de l’amour, Marivaux sait bien que ce qui compte dans la narration de ce genre de choses tient plus Ă  la façon dont on les ordonne qu’à l’originalitĂ© des situations. C’est donc comme une variation de plus sur le motif de la rĂ©vĂ©lation de l’amour qui se nourrit des subterfuges de la sĂ©duction qu’il convient de lire cette Ɠuvre. C’est en tout cas ce Ă  quoi nous invite le personnage de LĂ©onide, dans sa confession finale au protagoniste principal du drame C’est pour vous que j’ai trompĂ© tout le monde, et je n’ai pu faire autrement ; tous mes artifices sont autant de tĂ©moignages de ma tendresse » III, 9. Semblable donc Ă  d’autres comĂ©dies de Marivaux, l’action de ce Triomphe de l’amour tire cependant un peu plus vers la farce. La gradation du dĂ©sir chez Agis, la lente et progressive rĂ©vĂ©lation de l’amour n’est pas le sujet qui intĂ©resse ici Marivaux. L’intrigue cependant reste d’une subtile complication. Pour approcher Agis, LĂ©onide doit convaincre Hermocrate et sa sƓur de sa sincĂ©ritĂ©. C’est l’occasion d’une double machination Ă  Hermocrate, qui a reconnu son travestissement, elle prĂ©tend ĂȘtre une jeune fille amoureuse du philosophe, venue chercher auprĂšs de lui le moyen de combattre son amour ; Ă  LĂ©ontine, elle se prĂ©sente comme un jeune homme amoureux de sa maturitĂ© pleine de grĂąces – une machination destinĂ©e Ă  lui faire gagner le temps nĂ©cessaire Ă  des entretiens au cours desquels elle se fait fort de gagner le cƓur du jeune homme. On ne manquera pas de reconnaĂźtre dans cette intrigue un coup de patte malicieux de Marivaux Ă  l’adresse des sectateurs de la raison et d’une certaine philosophie dogmatique pour LĂ©onide, le seul moyen d’approcher Agis et de vaincre Hermocrate et sa sƓur, pĂ©tris de prĂ©vention contre l’amour, est de les rendre amoureux. A la vĂ©ritĂ© du sentiment de distinguer, le moment venu, entre l’inspiration de l’amour vrai et les amours factices entre l’amour sincĂšre d’Agis et LĂ©onide et les piperies d’amour dans quoi tombent Hermocrate et LĂ©ontine avec une troublante cĂ©lĂ©ritĂ©. Pourtant, bien qu’ils soient ridicules, Hermocrate et LĂ©ontine n’ont-ils pas aimĂ© sincĂšrement l’espace d’un instant ? Cette folie qui leur fait tout lĂącher – leur vertu, leur philosophie, leur raison – pour fuir en ville afin de s’y marier et s’engager avec tĂ©mĂ©ritĂ© dans le bonheur qui se profile n’est-il pas l’une des manifestations vĂ©ritables de l’amour ? Quelle diffĂ©rence d’inspiration entre Hermocrate et LĂ©ontine qui sont trompĂ©s dans leur attente du bonheur et Agis que LĂ©onide trompe pour son bonheur ? L’autre intĂ©rĂȘt de cette comĂ©die consiste dans le rĂŽle jouĂ© par les valets, cupides, mais poltrons, qui, par intĂ©rĂȘt, se mettent au service des desseins de LĂ©onide le valet Arlequin et le jardinier Dimas. Ils contribuent aussi Ă  tirer la comĂ©die du cĂŽtĂ© de la farce et Ă  donner Ă  la comĂ©die ce ton de fĂȘte comique, Ă  la fois subtile et dĂ©sopilante, caractĂ©ristique du théùtre de Marivaux. PubliĂ© dans le cadre du challenge Un classique par mois
Heureuxévénements ; inavouable tentation, quand l'amour sonne à la porte, au nom de son fils. Heureux événements ; inavouable tentation, quand l'amour sonne à la porte, au nom de son fils . Fiche; Autres éditions(1) 0 note . Karen Rose Smith. Date de parution : 01/02/2020; Editeur : Harlequin ; EAN : 9782280433297; Série : (-) Support : Poche ; Nombre
Lesfans de District 31 croient savoir la vĂ©ritĂ© sur l’amoureuse de Bruno. Depuis quelques mois dĂ©jĂ , le personnage de Bruno GagnĂ© dans District 31 et plus heureux que jamais. Celui-ci a fait la rencontre d’une femme du nom de Laurie, alors qu’il rencontrait des femmes ayant envoyĂ© des messages Ă  Yannick Dubeau en prison. Les journalistes parlent au nom de la France, les journalistes parlent au nom des Français en permanence ; regardez la tĂ©lĂ©vision, ils prennent toujours Ă  partie les Français en disant les Français pensent que On parle de nous Ă  coups de sondages en permanence, on est sondĂ©s en permanence, on sait que les sondages sont faux, et toute l’argumentation des
Aunom de la vérité: Machination amoureuse. Where to watch. Show not available in country. SYNOPSIS. RECOMMENDATIONS. First Knight (1995) Today. Ghost director Jerry Zucker focuses on another doomed romance in this retelling of the spiciest of Arthurian myths. If Kevin Costner can play Robin Hood with an The Italian Job (2003) Today. A gang of robbers, lead
Manipulationsamoureuses: With Floriane Andersen. Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. What's on TV & Streaming Top 250 TV Shows Most Popular TV Shows Browse TV Shows by Home/ Series / Au nom de la vérité / Aired Order / Season 1 / Episode 43 Machination amoureuse Machination amoureuse français. Runtime 25 minutes Network TF1; Created
DansInherent Vice de Paul Thomas Anderson, il est parfois difficile de faire la part des choses entre le réel complot et l'imagination de Doc qui est alimentée par les drogues qu'il consomme. Le Petit SeptiÚme
Rentrantchez elle aprĂšs ce drame, Gloria avoue toute la vĂ©ritĂ© Ă  Jacques qui se garde bien de lui rĂ©vĂ©ler l'innocence de la victime et sa propre responsabilitĂ© dans ce meurtre. Jouant le jeu jusqu'au bout, il fait lui-mĂȘme disparaĂźtre le cadavre d'Yves Normand en le dissimulant dans un mur en construction de son usine. Le temps passe, qui semble attĂ©nuer les blessures de
Chacund’entre nous s’est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au c?ur de la tourmente?Au nom de la vĂ©ritĂ© est une nouvelle fiction TV Time - Au nom de la vĂ©ritĂ© (TVShow Time) TV TIME
Aunom de la vĂ©ritĂ© 13M views. 38.4K. maffderulo Tik Toker. 227.6K views. 38.4K Likes, 696 Comments. TikTok video from Tik Toker (@maffderulo): "C’est important l’argent #pourtoi". Il y a des gens qui prennent des cours de théùtre Ă  40 000 € Pour finir dans au nom de la vĂ©ritĂ©. original sound. C’est important l’argent #pourtoi . original sound. 803. srhnaraa
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RĂ©sumĂ©s Cet article analyse la façon dont certains Ă©pisodes de Lamekis de Mouhy (1735-1738) mettent en scĂšne des croyances populaires conditionnĂ©es par les simulacres d’une sociĂ©tĂ© du spectacle. Dans la tradition du conte merveilleux, Mouhy exacerbe un invraisemblable qui mine toute croyance possible envers les Ă©vĂ©nements racontĂ©s
RésuméChacun d'entre nous s'est déjà retrouvé au moins une fois, au coeur de la tourmenteAu nom de la vérité s'attache à des héros du quotidien en prise avec une décision
Au nom de la vérité" Manipulations amoureuses (TV Episode 2013) Movies, TV, Celebs, and more Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. What's on TV & Streaming Top 250 TV Shows
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